Les mois de janvier/février ont montré que la colère était forte dans l’Éducation nationale : la très forte mobilisation du 1er février l’a démontré, de même que son rebond en collège le 6 février.
Plusieurs revendications ont émergé avec force :
– l’exigence d’une revalorisation salariale sans contrepartie, l’amélioration des fins de carrières, et l’égalité professionnelle, au sein d’une Fonction Publique que la "rémunération au mérite" pourrait transformer en paradis managérial opaque et hasardeux en mettant fin de fait au droit à la progressions automatique dans une carrière, tout autant qu’au sein de l’Education nationale où le Pacte tente d’introduire une logique contractuelle de rémunération individualisée au sein des EPLE, où le recours aux personnels contractuels (enseignants, CPE, PsyEN, mais aussi AED et AESH) se développe et fragilise le statut. Tout au contraire, une reconstruction des grilles de carrières s’impose pour aller vers un corps de référence qui doit être le corps des agrégés revalorisés, tout autant que l’accès à des cadres statutaires d’emploi à créer (AESH) ou à intégrer par une titularisation massive.
– l’opposition au « Choc des savoirs » et sa mesure emblématiques des "groupes de niveaux", qui signe un renoncement à une école de la réussite pour tous les élèves, en même temps qu’elle attaque la liberté pédagogique et l’expertise des enseignant.es en tentant de mettre leurs métiers sous la coupe des évaluations standardisées, désorganise profondément les établissements et dégrade les conditions de travail. Fait rare, les projets de textes instaurant le "Choc des Savoirs" ont fait l’objet d’un refus pratiquement unanime en CSE en n’obtenant aucune voix favorable, pas même celle du MEDEF et seule une abstention d’une organisation syndicale ! En la matière, l’intersyndicale Education est presque au complet ;
– l’amélioration des conditions de travail, et notamment la baisse des effectifs de classes et le maintien de la formation continue dans le cadre actuel, alors que le ministère organise son déplacement hors des temps de face-à-face pédagogique ou pendant les vacances, ce qui revient à augmenter le temps de travail ;
– la défense de l’Ecole publique, obligatoire, laïque et gratuite, à laquelle les personnels sont très fortement attachés, et qui trouvent des relais dans l’opinion publique depuis « l’affaire Stanislas » (ou ici en accès libre).
Vers un printemps des luttes
Sur ces sujets, notre Ecole publique, et à travers elle un large pan de la Fonction publique d’Etat, sont à un tournant, à la croisée des chemins : c’est donc un printemps des luttes qui se prépare. L’appel du Congrès académique du SNES-FSU Toulouse de début février exprime cette perspective sans ambiguïté.
Nos revendications vont trouver des articulations avec les diverses mobilisations d’ores et déjà programmées, ou en construction, à chaque fois dans des cades intersyndicaux larges qui témoignent de la puissance des oppositions aux politiques gouvernementales. Les conditions sont réunies pour un rassemblement large dans la grève et dans la rue, pour gagner la bataille des idées, à l’image de ce qui se joue sur les groupes de niveau :
– la grève féministe du 8 mars, à l’appel de l’intersyndicale FSU / CGT / Solidaires / UNSA / CFDT / FO / CFTC / CFE-CGC ;
– la mobilisation Fonction publique du 19 mars pour une hausse inconditionnelle des salaires dans la Fonction Publique, contre la rémunération « au mérite », avec un appel intersyndical à la grève dans l’Education ;
– la journée d’action des retraités le 26 mars pour la revalorisation des pensions et la préservation de ce salaire continué qu’elles constituent dans la Fonction publique ;
– l’action dans la durée que l’intersyndicale Éducation s’est donnée pour objectif de construire et de réussir pour la défense de l’Ecole publique, gratuite, obligatoire et laïque : l’École de toute la jeunesse,
l’École publique, laïque, gratuite et obligatoire doit être LA priorité du pays.
Dès maintenant, construire ensemble un printemps des luttes !
Pour le SNES-FSU, dans ce moment de bascule pour l’École publique, qui la menace autant que ses personnels, il est indispensable d’articuler les différentes temporalités d’action et de les inscrire dans la durée. Le rebond du 6 février en prépare un plus large : une intersyndicale FSU, UNSA Éducation, SGEN-CFDT, CGT Éduc’action et Sud Éducation a posé les bases d’une action durable au printemps pour gagner sur nos salaires, nos conditions de travail et plus largement l’École publique, car une journée de grève ne suffira pas !
En attendant, les actions doivent se multiplier à tous les niveaux : rassemblements, grèves, réunions publiques avec les parents d’élèves, distributions de tracts… ce travail de terrain permet de continuer de convaincre et de rassembler dans l’action…pour gagner !
Le SNES-FSU appelle les personnels à se réunir dans les établissements pour mettre en débat et décider collectivement des actions à mener au cours du mois de mars.
Des outils pour les mobilisations locales : Non au Choc des Savoirs, Oui au Choc des Salaires !
Des outils sont d’ores et déjà disponibles pour engager, dans les établissements et auprès des collègues et des parents, des actions qui doivent donner de la visibilité à nos revendications :
- dépôt de motions en CA (motion académique, motion nationale ;
- Diffusion de la lettre ouverte de l’intersyndicale Education à la nouvelle ministre sur le « Choc des savoirs » ;
- installation de banderoles (pensez à nous envoyer vos photos !) ;
- Signer, et faire signer massivement la pétition intersyndicale FSU, UNSA Education, FO, SGEN-CFDT, CGT Educ’action et Sud Education
Chaque initiative doit contribuer à faire entendre la colère dans les collèges, les lycées et CIO : communiquez-nous des photos, de petits compte-rendus de vos initiatives ainsi qu’à votre section départementale, pour que nous puissions donner de la visibilité aux actions organisées localement !
Des visuels sont en accès libre ici pour illustrer les supports produits dans les établissements