8 décembre 2020

Métiers - Politique académique

Auto-évaluation des établissements : ne pas se précipiter !

Auto-évaluation des établissements : ne pas se précipiter !

Nouvelle évaluation des EPLE : de quoi s’agit-il ?

Dans l’académie, 20% des établissements enclenchent actuellement un processus nouveau d’évaluation des politiques d’établissements, conséquence des dispositions prévues par la Loi pour l’Ecole de la confiance, voulue par JM Blanquer, et concrétisée par la mise en place du Conseil de l’Evaluation de l’Ecole. A terme, tous les établissements de l’académie (et de France) sont appelés à être évalués en l’espace de 5 ans.

Sur la forme, alors que les établissements et leur fonctionnement sont largement impactés par la gestion de la crise sanitaire et ses effets aussi bien sur les personnels, les élèves, et les apprentissages, le SNES-FSU estime qu’il n’y avait aucune urgence à enclencher ce dispositif. Entre fin d’année toujours chargée avec les conseils de classe, les réunions avec les parents d’élèves, le moment est particulièrement mal choisi pour engager une méthode nouvelle de suivi des établissements : les collègues sont exténués, eux qui portent à bout de bras le système éducatif depuis de très longs mois de crise sanitaire.

Sur le fond, la nouvelle évaluation des EPLE entend imposer des logiques issues du nouveau management public, qui ne sont pas sans conséquences sur les établissements, et, à travers eux, sur les personnels. Reprenant l’apparence des projets d’établissements et une partie de leur méthode d’élaboration, et amplifiant la portée des Contrats d’objectifs qui lient les EPLE et l’académie, elle entend aller toujours plus loin dans la logique de transformation profonde des Services publics.

Un renversement de logique à contester

L’objectif est de passer d’une logique d’obligations de moyens (avec des résultats en conséquence) à une logique d’obligation de résultats (sans que ne soit plus posée la question des moyens à engager pour y parvenir). Ce changement fondamental de paradigme permet de dédouaner l’institution et ses pilotes de l’obligation de « faire suivre l’intendance », en renvoyant la responsabilité de trouver, dans chaque établissement, une organisation ou des décisions d’action pour « optimiser » l’utilisation des moyens attribués.
Ce n’est pas neutre, et très concrètement, cela signifie, par exemple, qu’en cas de hausse d’effectifs, on ne cherchera pas nécessairement à abonder un établissement en moyens pour y faire face, mais qu’on l’encouragera plutôt à instaurer une organisation différente pour couvrir le besoin nouveau, à coût constant.
Cette logique est déjà partiellement à l’oeuvre depuis une dizaine d’années, sous des formes diverses : heures flottantes en lycée depuis 2010, en collège depuis 2016 ; calcul de la dotation des lycées de l’académie (sur la base de 36 élèves par classe contre 35 auparavant, puisque cela ne gêne pas l’organisation et le fonctionnement de l’établissement, sommé de s’adapter) ; réforme du collège, avec l’organisation d’enseignements non fléchés, décidés par les équipes, en fonction des réalités locales, ou du lycée, avec le choix entre carte des formations élargis et possibilité de dédoublements. Il s’agit de développer des leviers pour amplifier les effets de ce renversement de logique.

Quelles actions immédiates ?

La méthode présentée étant assise sur une participation des collègues à ce qui pourrait rapidement devenir lourd et chronophage, le SNES-FSU appelle dans l’immédiat les équipes des établissements qui sont les premiers cobayes de la nouvelle évaluation à retarder la mise en place du dispositif d’évaluation des établissements, en intervenant auprès des directions, et en interpellant les parents d’élèves sur les raisons qu’il y a à prioriser, dans la période, l’action des personnels sur les besoins actuels des élèves, particulièrement flagrants.

Interpellé sur le sujet par le SNPDEN, le ministre a même déclaré que les établissements devaient être volontaires pour s’engager dans le processus. La Présidente du Comité d’Evaluation de l’Ecole a dit de même publiquement sur son compte Twitter. Il est entendu qu’il s’agit, non du volontariat du chef de l’établissement, mais de l’ensemble des personnels !

Vous trouverez ci-dessous un modèle de lettre à adapter pour demander le report/le refus de participer à cette évaluation :

Modèle de lettre de refus / de demande de report

Des éléments d’analyse plus approfondie, et des outils seront produits par le SNES-FSU dans les prochaines semaines. Nous vous invitons à consulter régulièrement notre site pour y accéder.