Le SNES-FSU tient à rappeler que la généralisation de la dématérialisation des copies pour les épreuves du baccalauréat n’a jamais fait l’objet d’un consensus et n’a jamais été mise en débat. Elle pose de nombreux problèmes.
De façon générale, et concrètement :
– le SNES-FSU encourage les correcteurs à travailler hors connexion selon une quotité journalière définie collectivement (à l’occasion des réunions d’entente du 18 juin par exemple).
– Le SNES-FSU invite également les correcteurs à revenir au papier notamment pour des raisons médicales (fatigue oculaire, migraines), y compris si l’absurdité de la situation nous oblige à imprimer la version PDF d’une copie numérique, scannée 24 h auparavant à partir de sa version originale… Pour le SNES-FSU, c’est dans les établissement que les impressions doivent être faite afin de ne pas renvoyer une nouvelle fois la charge matérielle et le coût inhérent à cette impression aux personnels !
Tel sera le prix cette année, d’une reconquête des conditions matérielles d’une correction consciencieuse, où le correcteur peut d’un regard, visualiser l’ensemble de ses copies, échappant au passage, à l’œil inquisiteur de cette nouvelle forme de télé-surveillance des examens.
Pour l’EAF, le SNES-FSU demande plus spécifiquement :
– l’accès aux copies de baccalauréat dans leur version originale (en papier), en lieu et place de la version numérisée qu’on nous impose, au prix d’un alourdissement du travail des centres d’examens et de celui des correcteurs
– Le tri des copies par objet d’étude dans les centres d’examen pour éviter la multiplication des sujets différents dans les paquets de copies
UNE TRANSFORMATION IMPORTANTE DE L’ACTE DE CORRECTION
Des gestes habituels rendus chronophages par l’application : feuilletage des copies, leur comparaison, leur classement en fonction par exemple des exercices ou questions traités, l’affichage en vis à vis de deux parties d’une copie ou de deux copies, annotations…
Qualité de la numérisation variable et fatigue oculaire et mentale – majorée par l’utilisation d’écrans souvent inadaptés en raison de leur taille limitée.
C’est tout un savoir-faire qui contribue à la bonne et juste évaluation des copies qui se trouve ainsi remis en question.
UN RISQUE D’INVISIBILISATION DU TRAVAIL DE CORRECTION.
A travers la numérisation des copies – comme celle des convocations d’ailleurs - c’est la mission et le temps de travail de correction lui-même qui se retrouvent « dématérialisés » et « invisibilisés ».
La dérive constatée est celle de l’augmentation du nombre de copies et de l’augmentation de la charge de travail, qui, elle, n’a rien de virtuelle. Certains établissements demandent même aux collègues correcteurs de continuer d’assurer leur cours en même temps.
UNE SURVEILLANCE DU TRAVAIL INADMISSIBLE
Redoutable outil de néo-management public, la correction ne peut se faire qu’en ligne et donc connecté : surveillance du temps de travail, horaires de travail, temps passé par copie… Tous les détails du travail du correcteur sont traçables et accessibles à l’administration.
Cette surveillance permet une pression sur l’évaluation et à travers elle une mise au pas qui fait écho au travail de destruction des libertés pédagogiques et du métier enseignant
UN ARGUMENT ECOLOGIQUE TRES CONTESTABLE
Correction « dématérialisée » : il n’y a rien de plus matériel que le numérique ! Scanner, ordinateurs, transferts et stockage sur des serveurs, correction obligatoirement connectée (impossible de télécharger), devant un écran à raison de 20 min par copie, à multiplier pour 750 000 candidats de baccalauréat.
Le bénéfice écologique est loin d’être évident, compte-tenu de toutes ces problématiques matérielles (que les enseignants connaissent d’autant mieux que c’est leurs équipements personnels qu’ils utilisent à leurs frais)
Tract :