Une rentrée 2018 sous tension

L’annonce de la suppression à la rentrée prochaine de 2600 postes dans les collèges et les lycées vient s’ajouter à un contexte déjà sous tension dans les établissements du second degré. La rentrée 2018 voit les effectifs exploser, des enseignants manquent dans de nombreux établissements, il n’y a pas assez de remplaçants et les contractuels ne suffisent plus.

Le Rectorat de Toulouse a décidé devant l’ampleur de la pénurie et alors qu’il préparait la rentrée en Juin, de refuser des temps partiels ou des détachements dans le supérieur à des enseignants qui en avaient fait la demande. Des temps partiels sur autorisation ont été refusés aux enseignants en charge de famille ou proches de la retraite dans 12 disciplines : Lettres Classiques, Histoire-Géographie, Anglais, Philosophie, SES, Mathématiques, Sciences Physiques, SII, Technologie, Lettres-HG (en PLP), Lettres-Ang (en PLP) et Maths-Sciences (en PLP).

Les collègues sont les variables d’ajustement de choix politiques : baisse des recrutements, sous-investissement chronique dans l’éducation ... alors que la démographie de notre académie laissait prévoir une dégradation des conditions de travail à cette rentrée.
Dans ce contexte, l’annonce d’une deuxième heure supplémentaire imposée est un véritable provocation à l’égard de nos professions, déjà lourdement impactées par de nombreuses heures supplémentaires. Les enseignants travaillent 42.53 heures hebdomadaires (heures de cours, heures de préparation, de correction, réunions avec les parents, conseils de classe…) et ne comptent pas leur temps pour le bien des élèves et pour préserver, au quotidien, un service public de qualité.

Et sans compensation financière ! Au contraire ! En 2018, les enseignants ont assisté au rétablissement du jour de carence en cas d’arrêt maladie et au gel de leur salaire !

Alors la profession ne fait plus recette : les recrutements de professeurs titulaires font apparaître une chute de 10,3 % en 2018 du nombre de reçus par rapport à 2017, et le mouvement ne date pas d’hier ! Sur le terrain, dans l’académie de Toulouse cela se traduit très concrètement par :

Des effectifs dans les classes qui explosent : les seuils des 30 élèves par classe en collège et de 35 élèves en lycée ont été dépassés. Alors qu’il faudrait des effectifs à 24 élèves par classe en collège (20 en REP) et 25 en Seconde et 30 dans le cycle terminal c’est vers une augmentation de ces derniers que nous allons. C’est inacceptable !

Dans les collèges :
  • Au collège Jean Moulin de Toulouse, des classes sont à plus de 30.
  • Au collège de Noé des classes de 6e et de 4e sont à 30 et lorsque des élèves sont accompagnés par des Aides de Vie Scolaires, cela pose un problème de place dans les classes.
  • Au collège de Labarthe sur Lèze, malgré l’ouverture d’une classe de 5e en Juillet, les classes de 4e sont à 30.
  • Au collège Bétance de Muret, toutes les classes de 6e sont à 30 ainsi que plusieurs classes de 5e. Une classe de 5e et une classe de 3e sont à 31 !
  • Au collège Zola de Toulouse, 2 classes de 3e sont à 30 et 3 à 29, les 4e entre 28 à 30 élèves par classe, en 5e, 29 et 30.
  • Au collège Jean-Pierre Vernant de Toulouse, les 5 classes de 4e sont à 29.
  • Au collège Fermat de Toulouse, la moyenne des effectifs par division sur le niveau de 3e est de 29,6, sur le niveau 4e 29,25, en 5e les classes sont entre 28 et 30, en 6e le groupe d’Allemand LV1 est à 30.
  • Au collège de St Jory, malgré l’ouverture d’une classe de 6e, 2 classes de 5es sont encore à 30 et une à 29 et un groupe d’espagnol est à 32 élèves !!
  • Au collège de Frouzins 8 classes sont à 30 élèves.
  • Au collège du Fousseret, une 6e a été créée mais pour supprimer une 5e ! Les classes de 5e sont donc à 30 !
  • Au collège Michelet de Toulouse, 2 classes et un groupe de langue sont à 31 élèves.
  • Au collège de Quint Fonsegrives, 2 classes de 5e sont à 31 et 2 autres à 30, 2 classes de 6e sont à 30 et 2 autres à 29.
  • Au collège de Rabastens dans le Tarn, les 6e sont à 30.

Des établissements ont obtenu des ouvertures de classes, après mobilisation des enseignants, parents ou chefs d’établissement. Mais c’est toujours au compte-goutte, ou au détriment d’autres.

A Montastruc une pétition en Juin 2018, très largement suivie, a permis le maintien d’une classe.

Une grève de 2 heures le jour de la pré-rentrée a permis l’ouverture d’une classe au collège Berthelot de Toulouse.

Au collège de Condom dans le Gers, les enseignants ont obtenu l’ouverture d’une classe après quelques heures de grève le mardi de la rentrée.

Les collègues du collège d’Auterive en grève depuis la rentrée ont lancé une pétition et ont occupé les locaux du collège une nuit et ont obtenu 14h pour dédoubler des classes : ils ont fait la une de TF1, de France 3, de nombreux articles sont parus dans La Dépêche.
Estimant cela insuffisant ils continuent leur mouvement et seront devant le Rectorat ce mercredi 26 septembre à 14h accompagnés de tous les collègues qui dénonceront eux aussi les conditions de rentrée dans leurs collèges respectifs. La section de la Haute-Garonne du SNES et la FCPE ont appelé à rejoindre ce rassemblement. Rejoignons-les et dénonçons nous aussi nos classes surchargées !

Au collège de Villefranche de Lauragais, les enseignants ont écrit à la Rectrice pour dénoncer des conditions qui mettent en danger les personnels et les enfants. Ce collège prévu pour 740 élèves en accueille maintenant 860 ! Cela se traduit par des bousculades dans les escaliers et les couloirs et crée de l’angoisse notamment chez les plus petits, des élèves de 6e qui arrivent de leurs écoles de village respectifs. Alors que l’établissement accueille 30 élèves de plus qu’à la rentrée 2017, deux classes ont été supprimées. Sur les 29 divisions, 12 comptent 30 ou 31 élèves. Ils sont soutenus dans leur démarche par la FCPE locale et seront au Rectorat ce mercredi 26 Septembre à 14h.

Dans les lycées la situation n’est pas meilleure :
  • Au Lycée Stéphane Hessel de Toulouse, 3 classes au moins sont à 36 : 1 Tale ES et 2 Tale STSS. 1 groupe de mathématiques est à 38 (36 élève de TES + 2 élèves de TL). Globalement toutes les classes sont entre 33 et 35.
  • Au Lycée Françoise à Tournefeuille, sur le Lycée général, sur 11 secondes 8 sont à 36 et 1 à 35, sur les 8 premières générales 1 est à 36, 3 premières S à 35, une 1re ES est à 35, sur 9 terminales 2 Tale S sont à 36 et 3 Tales S à 35 ! Le Lycée Professionnel n’est pas en reste : les classes sont autour de 30 pour certaines. Dans l’ensemble le lycée est au-dessus de ses capacités d’accueil. Des cours ont lieu dans des préfabriqués dont 3 de plus ont été installés cet été.
  • Au Lycée Toulouse Lautrec de Toulouse, 5 classes sont à plus de 35 élèves.
  • Au Lycée St Sernin de Toulouse, quasiment toutes les classes sont à 35 et plusieurs sont à 36.
  • Au Lycée Pierre Bourdieu de Fronton, 11 classes sont à 35 et 1 à 36.
  • Au Lycée Monteil de Rodez, 3 1res S sont à 36 élèves !
  • Au Lycée Pierre d’Aragon de Muret, 4 Tales ES sont à 36, 2 Tales ST2S à 36, 1 1re ES à 36 et en tout 17 classes sont à 35 !

Des postes restés vacants après le mouvement des enseignants en Juin 2018.

En effet, après le mouvement des personnels du second degré en Juin 2018, 120 postes sont restés vacants  : 21 en Lettres, 7 en Langues, 25 en Technologie, 16 en Sciences Industrielles de l’Ingénieur, 26 en Eco-Gestion). Ils étaient déjà au nombre de 98 en 2017 (16 en Lettres, 7 en Langues, 2 en Histoire-Géographie, 14 en Technologie, 28 en Sciences Industrielles de l’Ingénieur, 3 en Sciences Physiques)

Certains ont été pourvus par des Titulaires sur Zone de Remplacement mais ces derniers manquent aussi. Entre 2016 et 2018, ce sont 201 postes de TZR qui ont disparus sur l’académie de Toulouse. Ils étaient en 2016 : 1274, en 2017 : 1216 puis en 2018 : 1073. Ces enseignants titulaires remplaçants sont en grande majorité affectés à l’année sur des postes vacants ou des heures non affectées. Ils ne seront donc pas disponibles en cours d’année pour remplacer des collègues en congé maternité ou malades, ou en formation.

Des contractuels ont été recrutés mais des élèves sont encore sans enseignant. Ces contractuels étaient 944 affectés fin septembre 2016, 1077 début octobre 2017 et ils sont déjà 971 affectés au 15 septembre 2018.

Les chefs d’établissement multiplient les mails pour trouver l’un un-e professeur-e de SVT, l’autre un-e professeur-e d’anglais ou d’espagnol :

« Si vous connaissez des enseignants disponibles (TZR ou contractuels), d’avance merci de nous faire parvenir leurs coordonnées. »
« Nous sommes à la recherche d’un professeur d’anglais vacataire pour 3h (apprentis en Bac Pro). »
« Nous sommes à la recherche d’un professeur de SVT pour un BMP de 8h, pour le moment nous n’avons aucune proposition de remplacement. »
« Nous sommes à la recherche d’un professeur d’anglais pour 9h30 (une 5e et une 4e) au collège… »
« Nous sommes à la recherche de professeurs d’espagnol. 3 postes sont vacants pour le moment nous n’avons aucune proposition de remplacement. Merci, si vous connaissez des TZR ou des contractuels disponibles de nous communiquer leurs noms ou de leur demander de prendre contact au… »
« Nous recherchons un enseignant pour assurer les enseignements d’exploration en Seconde : SC Sciences de l’Ingénierie et CIT Création et Innovation Technologique… »

A la rentrée, au collège de Noé il manquait un-e enseignant-e de Mathématiques, au collège Jean Moulin, un-e enseignant-e de Technologie, au collège de Fonsorbes un-e enseignant-e d’allemand, au collège du Vernet un-e enseignant-e de Sciences Physiques, un-e d’anglais et un-e d’espagnol, au collège de Villeneuve Tolosane, un-e d’espagnol et un-e de Technologie, au collège de La Salvetat un-e de Sciences Physiques, au collège de Luzech dans le Lot un-e enseignant-e de Technologie, un-e de Philosophie au Lycée de Fronton…
Et ce relevé est loin d’être exhaustif !

Alors 2600 suppressions de postes dans le second degré, c’est non ! Participez à la campagne pour dire que je suis opposé à la suppression de 2600 postes dans le second degré !

Non Monsieur le Premier ministre, on n’investit pas dans l’avenir en supprimant des postes !