Cette année 2020 débute comme la précédente a fini : un mouvement d’ampleur de contestation de la réforme des retraites, massif, puissant et déterminé s’est installé dans le pays, et dans nos professions aussi. Le gouvernement, après voir fait le choix de minimiser la portée de sa réforme, est en difficulté : la proportion de nos concitoyens qui la refusent augmente, semaine après semaine.
Manoeuvres
Par tous les moyens, le Premier ministre a pourtant tenté de faire face à la contestation : séparer diviser les salariés nés avant 1975 des autres, en prétendant faussement qu’ils ne seront pas impactés ; accorder des dérogations de plus en plus nombreuses à un régime initialement à vocation « universelle » ; réclamer une « trève des confiseurs » qui n’a pas eu lieu ; lancer en catastrophe un simulateur mensonger ; communiquer sur les perturbations générées par les grèves ; etc.
Le Président de République a choisi, le 31 décembre à l’occasion de ses vœux, de poursuivre l’épreuve de force, et espère encore imposer la retraite par points, au prix sans doute de quelques reculs de façade. Les sondages montrent qu’il n’a convaincu personne, bien au contraire.
Rien n’y fait donc, et pour de bonnes raisons : la seule universalité de ce projet de réforme, c’est celle du « tous perdants ». Au fil des jours, depuis le 5 décembre dernier, l’opinion publique découvre l’ambition rétrograde de ce projet : limiter fortement les pensions de retraite ; individualiser leur mode de calcul ; permettre le développement de solutions individuelles et non solidaires, pour ceux qui le pourront – c’est à dire peu très d’entre nous.
Améliorer le système de pensions existant
De tout cela, nous ne voulons pas, car nous sommes attachés à la solidarité intergénérationnelle, aux cadres collectifs protecteurs, au code des pensions civiles, et en particulier, au calcul de la retraite sur les 6 derniers mois afin de l’asseoir sur les « meilleures » bases de rémunérations. Nous portons collectivement l’exigence d’améliorations pour les pensions des femmes, des dispositifs permettant d’alléger les fins de carrière, la recherche de nouveaux financements – par ailleurs disponibles pour d’autres projets portés par les soutiens du gouvernement.
Des promesses à double tranchant
Pour nos métiers, parmi les plus impactés par la réforme, et devant les 3 mobilisations majoritaires réussies entre le 5 et le 17 décembre, le gouvernement a enchaîné les promesses : « garantie » de maintien de la valeur du point acquis pour le calcul de la pension ; « revalorisation » mirobolante ; etc. Ne tombons pas dans le panneau !
Car le gouvernement ne peut – ni ne veut en réalité – garantir le maintien des pensions enseignantes : le système par points n’offre en soi aucune garantie sur la valeur d’achat et/ou de service du point ; il ne permet pas, de garantir le maintien des pensions à leur niveau actuel sauf à engager une revalorisation de l’ordre de 10 milliards d’euros par an, en l’indexant sur l’inflation, et sans jamais revenir dessus ... Qui peut y croire ?
Le ministre de l’Education nationale compte par contre troquer un hypothétique investissement de 400 à 500 millions par an de revalorisation (parfois transformés en 10 milliards sur 16 ans !) – de certains enseignants, et étalé sur 16 ans ! -, contre des dégradations sans précédent de nos conditions de travail : augmentation du temps de travail, annualisation, bivalence, … bref, toutes mesures que nous avons jusqu’ici réussi à contrer. Il avance sur la voie d’une dénaturation historique de nos métiers, comme le prouve son projet de réforme des concours de recrutement, et s’attaque à nos statuts en s’appuyant sur la Loi de Transformation de la Fonction publique, dont les décrets encore récemment parus montrent qu’elle est bien un outil de sa destruction méthodique (recours massifs aux contractuels, suppression du rôle collectivement protecteur des CAPA sur les carrières et affectations, introduction du concept de rupture conventionnelle, etc.).
La réalité de la « revalorisation » annoncée - dont personne n’a encore vu le premier euro - est donc sans rapport avec la question des retraites, mais bien en rapport avec les projets du gouvernement de repenser intégralement l’Education nationale, son fonctionnement (Loi Ecole de la Confiance, Lycée Blanquer, « fusions » masquées des académies, etc.) et les missions et la place de ses personnels.
Agir ensemble, frapper fort !
La semaine qui s’ouvre est d’une importance majeure pour la suite du mouvement : de son succès dépend la possibilité d’obtenir le retrait de ce projet de réforme, d’ouvrir des discussions sur la base de nos propositions, de gagner, pour tous, une revalorisation sans contreparties.
Retrouvez à ce sujet notre double-page « Décryptage et anti-intox » sur la retraite à points et la « revalorisation » Blanquer].
Avec l’intersyndicale interprofessionnelle, le SNES et la FSU, appellent à une mobilisation de très grande ampleur le JEUDI 9 JANVIER et le SAMEDI 11 JANVIER.
Le succès des mobilisations de la semaine dernière, notamment à Marseille et à Paris, montre que nous serons nombreux dans les rues !
Soyons forts, nombreux et déterminés : dans ce mouvement d’ores et déjà historique, nous pouvons gagner !
– la tenue d’AG et d’HIS dans la semaine, pour définir les modalités des suites de l’action ;
– un appel à la grève interprofessionnelle et à des manifestations le jeudi 9 janvier ;
– des appels à des manifestations dans les départements le 11 janvier.
Des préavis de grève sont déposés sur toute la période intervacances, de nombreux éléments d’analyse et des pistes d’action sont en ligne sur le site national.