27 janvier 2022

Action et actualité locales

Inégalités, tri, disciplines malmenées ... : confirmation des méfaits du Lycée Blanquer

Inégalités, tri, disciplines malmenées ... : confirmation des méfaits du (...)

L’heure est aux constats sur la réforme du lycée de J.M. Blanquer. C’est peu dire que de dire que ce qui avait été analysé et annoncé par le SNES-FSU dès les premières esquisses de la réforme du lycée se voit confirmé dans les faits : modularité qui renforce en réalité les stratégies des initiés et le tri social, inégalités de genres accentuées, apparente liberté de choix qui est de facto une réelle prise de risque de ne pas correspondre aux attendus de Parcoursup...
Et tout cela à quel prix ! Perte de repère pour les élèves, avec la disparition du groupe classe, éclatement des emplois du temps élèves, mise en concurrence aggravée des disciplines, risques d’une offre de formation territoriale limitée.

Eléments de bilan dans l’académie...

Le SNES-FSU Toulouse avait demandé de manière insistante en CTA et obtenu que se tienne une déclinaison académique du Comité de Suivi de la réforme du lycée mis en place au niveau national.
Le SNES-FSU Toulouse y a évidemment rappelé, lors de sa tenue le 14/12/21, ses exigences d’abandon des décembre réformes des lycées, de baccalauréat, et de Parcoursup.
Vous trouverez ci-dessous les principaux échanges dans le cadre de cette réunion.

Orientation fin de 3e :

Le rectorat estime que la hausse des flux vers la 2de GT découle de l’attractivité nouvelle conférée par la réforme, et son aspect modulaire et les possibilités accrues de choix, tandis que la FSU conteste cette vision quelque peu idéalisée de l’attractivité : en effet, il reste beaucoup d’élèves affectés en 2de GT par défaut faute d’avoir eu une place en 2de Pro, ce que le Rectorat concède en partie.
Le rectorat est interpellé par la FSU sur la communication des capacités d’accueil et des taux d’attractivité par formation professionnelle, qui sont des indicateurs importants, et que le rectorat n’a pas partagé avec les organisations syndicales cette année ...

Parcours au sein du lycée post-Seconde : des effets négatifs clairement annoncés par le SNES- FSU

 Une modularité et une diversité de choix qui ne va pas de soi

De manière générale, et malgré le discours officiel et la tentative de faire croire à une diversification des parcours des élèves (mesurée par le nombre de triplettes réellement suivies sur les 135 combinaisons théoriques possibles), le SNES-FSU a relèvé une tendance de fond à la l’homogénéisation des parcours (diminution des effectifs des combinaisons “baroques” - ou “innovantes”, selon les points de vue ! ; poids des diverses Spécialités dont les écarts tendent à se réduire, etc.) malgré, c’est vrai, une plus grande exploitation des combinaisons possibles.
La répartition des effectifs dans les choix de combinaisons nouvellement choisies n’apparaissant pas dans les documents préparatoires, le recteur convient qu’il faut être prudent sur la mise en avant d’une diversification réelle des parcours...

En revanche, il semble assez net qu’une plus grande diversité de choix de Spécialités se retrouve chez les filles : cela pose de nombreuses questions, notamment dans le cadre d’un système qui procède à un tri par logique d’abandons successifs d’enseignements, et qui ferme mécaniquement des accès à des poursuites d’études. Pour le SNES-FSU, la diversité des choix moins classiques des filles semble leur faire courir, davantage qu’aux garçons, un risque de se voir davantage refuser des poursuites d’études qui sélectionnent sur des attendus et enseignements "classiques”, considérés comme fondamentaux" ?

 La problématique des mathématiques et plus largement du « pôle » scientifique

Le rectorat relève de manière générale un effondrement des choix des élèves vers les 3 spécialités scientifiques : mathématiques, physique-chimie, SVT. Seule NSI progresse en Première (mais est massivement abandonnée ensuite), et reste à un niveau bien plus faible que les trois autres.
Le SNES-FSU a mis en avant sur le problème de l’absence des maths du tronc commun, en indiquant qu’au vu de la dernière enquête de la DEPP, on ne peut pas considérer que des mathématiques sont enseignées dans le cadre de l’Enseignement Scientifique : seuls 6 % des enseignements y sont assurés par des profs de maths… Les collègues ne se sont donc pas du tout reconnus dans le programme, mais du coup les élèves n’ont pas de formation mathématique, les objets proposés à l’étude ne permettant pas de combler cette lacune.

Le SNES-FSU a pointé le problème d’un lycée désormais très marqué par les genres et milieux sociaux des élèves, et évoluant dans le sens d’une aggravation du phénomène avec la réforme. Le rectorat relève lui surtout des écarts notables dans l’évolution des écarts pour les choix / maintiens / abandons des Spécialités. Il insiste plus particulièrement sur des "effets établissement" pour des lycées qui se démarquent très clairement par rapport à la moyenne dans le choix de certaines triplettes sans que cela soit a priori explicable par le profil des élèves. Son sujet prioritaire semble dès lors être de contrer les évolutions trop contrastées de certains établissements au regard des évolutions globales, et sa réponse repose exclusivement sur un travail au local, dans les établissements et avec les établissements, pour lever les préjugés (dispositifs type “cordées de la réussite”, campagnes locales d’information, etc).

De manière générale, le recteur a contesté notre analyse des effets grossissants de la réforme sur les inégalités de genres ou sociales en matière de parcours scolaires ; il a estimé qu’il n’y a pas nécessairement lieu de dire que c’est la réforme qui est la cause des comportements différenciés, notamment en termes de phénomènes genrés et sur sociaux ; il a demandé, sur instruction du MEN, des études approfondies sur les phénomènes d’orientation observables avant réforme (l’objectif politique étant de parvenir à montrer que la réforme n’a pas bouleversé les déterminants déjà à l’oeuvre antérieurement, sans qu’on puisse dire que celle-ci ait aggravé les choses…). Nous resterons vigilants sur les résultats de ces études.

Pour autant, le SNES-FSU a insisté sur le fait que les mécanismes identifiés étaient à prévoir puisqu’ils sont à l’oeuvre dans tous les systèmes scolaires modulaires, qui favorisent par nature les effets de tri social, et que dès les premiers éléments d’esquisse de la réforme, cela avait été mis en avant dans nos critiques. L’actualité nous donne évidemment raison quant à l’effondrement du choix des mathématiques par les filles ... phénomène incontestable, et qui ressort nettement au niveau académique.

 L’aggravation des difficultés de la filière technologique industrielle

Constat est fait d’une forte baisse de l’orientation en voie technologique industrielle (STI2D, STL) :

Le rectorat estime que cette perte d’attractivité s’explique essentiellement par des orientations par défaut vers la voie technologique tertiaire, mais aussi des possibilités de variation accrues des enseignements en voie générale : de plus en plus, le choix des élèves susceptibles de choisir la voie technologique industrielle seraient de "tenter" une voie générale, en jouant sur les choix de spécialités pour contourner des difficultés dans une matière particulière...
Comme élément d’explication, le SNES-FSU a pointé surtout la disparition massive des options technologiques industrielles en Seconde, options qui permettaient aux élèves de découvrir les enseignements technologiques. ..
Le rectorat n’ pas démenti pas, et dit envisager d’y remédier en jouant sur des possibilités nouvelles de dérogation à la carte scolaire à l’entrée en Seconde pour accéder à ces options et alimenter le vivier de la voie technologique industrielle, mais également là où des sections de STI2D ne ferait pas le plein : reste à à voir comment cela est susceptible d’être mis en œuvre... Par ailleurs, le Rectorat met en avant la nécessité d’une meilleure communication en amont du choix des élèves afin de mieux faire apparaître l’intérêt des filières industrielles. Aucun élément concret ne semble être en revanche envisagé pour répondre à la problématique de la sur-affectation vers la voie technologique tertiaire.

Focus sur quelques enseignements de Spécialité de la voie générale

 Mathématiques :
Le SNES-FSU a relevé que l’abandon de l’EDS Mathématiques est de plus en plus marqué notamment en raison des difficultés liées aux nouveaux programmes de mathématiques, surtout, et de plus en plus une question de genre. Les inégalités dans les comportements filles/garçons, déjà marquées l’an dernier, s’aggravent.
La réponse du recteur, estimant que le problème est pris à bras le corps, s’est limitée à la promotion d’actions de valorisation des matières et études scientifiques auprès des jeunes filles. Les IPR présents ont pointé surtout des "effets établissement", voire un “effet prof”, très nets en la matière selon eux, et estimé nécessaire une formation continue accentuée sur ces aspects, en mettant en avant la formation proposée au PAF sur la problématique cette année : l’art de rendre les collègues responsables des dysfonctionnement du système ...

 Langues Vivantes :
De manière générale, les choix des élèves sont de plus en plus concentrés sur les deux spécialités d’Anglais : les spécialités LLCE Allemand et Italien sont totalement désertées, au point que la plupart sont désormais gelées dans les lycées de l’académie.
Le SNES-FSU avait demandé lors de l’établissement de la carte initiale l’implantation de ces 2 dernières spécialités dans au moins un lycée de chaque département, ce qui n’avait pas été fait, même en simple affichage.
La situation de la Spécialité LLCE Espagnol interroge le SNES-FSU, qui avait demandé une implantation au moins dans chaque bassin compte tenu de la proximité avec l’Espagne : cette spécialité ne trouve pas son public, et souffre d’une concurrence accrue de l’anglais, qui de manière générale, s’impose au détriment des autres langues vivantes, comme cela a été relevé à maintes reprise en Conseil Académique des Langues Vivantes. Côté rectorat, nous n’avons toujours pas senti de volonté de contrer cette dérive, présentée comme une fatalité...

L’autre fait marquant est le transfert massif et quasi-immédiat, dès l’ouverture, des choix des élèves qui délaissent désormais la LLCE Anglais au profit de la Spécialité Anglais Monde Contemporain, au point de menacer l’existence même de la LLCE Anglais dans les établissements ayant proposé les deux (un nombre significatif d’établissements, notamment hors agglomération toulousaine, ayant opéré une bascule pure et simple de la LLCE Anglais vers l’Anglais Monde contemporain).
Le SNES-FSU s’est inquièté de ce phénomène qui paraît incontrôlable et d’ampleur démesurée en si peu de temps. Il a mis en avant qu’il peut s’expliquer par le choix des dénominations de ces deux Spécialités (effet nettement plus ”vendeur” de l’Anglais “Monde contemporain”), et regretté que cela soit aussi un marqueur de plus de la désaffection générale dont souffrent les enseignements à connotation littéraire (taux d’abandon très élevé pour HLP et LCA en fin de première).

 Langues anciennes :
La situation est catastrophique pour les spécialités LCA Latin et Grec, qui ne sont plus suivis que dans le département-métropole (31), et par un nombre extrêmement faible d’élèves. Et encore, les chiffres incluent les élèves qui suivent cette spécialité via le CNED… Bref, elles ne sont présentes de fait dans pratiquement aucun établissement. Le SNES-FSU a pointé le décalage flagrant avec les déclarations tonitruantes du Ministre, qui n’ont décidémment aucune réalité. Le recteur ne nous a pas démenti …
Nous restons en attente des effectifs de l’option que le rectorat doit nous transmettre, mais nous ne sommes pas rassurés compte tenu des retours de terrain...

Bilan de la session de bac 202 : errances structurelles et difficultés conjoncturelles

Le SNES-FSU est particulièrement revenu sur la session 2021 de l’EAF et ses ratés, qui ont mis de nombreux collègues en difficulté, et rappellé que le CHSCT-MEN a émis des recommandations qui doivent être prises en compte par le Ministère et les académies, qui complètent utilement les recommandations du CHSCT de notre académie qui avait de son côté pointé les problèmes et les risques psycho-sociaux encourus dès la fin de l’année scolaire dernière.
Le rectorat a reconnu des difficultés (modifications de convocations tardives, constitution des viviers de correcteurs plus difficile que par le passé, notamment parce que les remontées des EPLE sur les services assurés dans l’année ne permettent de savoir qui avait quel niveau, mais pas quel type d’enseignement a été réellement assuré par les collègues), mais estimé en substance que la situation à Toulouse n’avait pas été pire qu’ailleurs, et même plutôt meilleure, grâce à un fort engagement des services de la DEC, mais aussi des EPLE (numérisation des copies par exemple), que le SNES-FSU a salué.

Interpellé par le SNES-FSU sur le Grand Oral, le rectorat a mis en avant un dispositif de formation renforcé et d’ailleurs parfois fréquenté par une centaine de collègues (!), qui a donné globalement satisfaction. Au rectorat, sans aucun doute, car pour le SNES-FSU il y a beacoup à dire sur le caractère tardif de ces formations, sur le fait que les formations ont été systématiquement proposées hors temps de service, à des horaires problématiques (de 17h à 20h !) et selon un processus par ruissellement qui n’est pas opérationnel et reporte sur des collègues la charge d’assurer la formation des autres. Le rectorat a répondu à coups de parcours Magistère pour la formation individuelle… Bref nous sommes bien loin du compte !

Le SNES-FSU est également revenu sur les problèmes matériels de la correction dématérialisée, et sur la modification profonde des gestes de métiers liés à la correction proprement dite : nécessité de pouvoir naviguer d’une copie à l’autre, de revenir sur des copies, etc. En réponse, des évolutions du logiciel sont annoncées pour rendre cela possible.

Session 2022 du bac : attention danger aux conditions de travail encore dégradées !

 Épreuves de Spécialité de mars :
Le SNES-FSU est revenu sur l’impossibilité de tenir ces épreuves en mars, pour laquelle la profession est engagée avec nous dans un bras de fer avec le Ministre. Il a fait part notamment de la pression ressentie par les collègues, particulièrement en difficulté pour y préparer les élèves compte tenu des programmes, et plus particulièrement cette année du fait de la pandémie, mais aussi de l’angoisse des élèves et familles comme en témoignent tous les retours des collègues, des PSyEN et des Assistants sociaux.

Le rectorat a rappelé le calendrier national (passation des épreuves le 15 et 16 mars 2022), et le calendrier de correction (du 17 au 31 mars), avec annulation des cours de Spécialité sur la période du 17 au 21.Le SNES-FSU a fait remarquer que cette libération des élèves ne couvrant pas la semaine, des collègues n’auront aucun allègement de cours, et que la période de libération couvre essentiellement … le week-end !
Le rectorat s’est refusé à banaliser plus que le permet le Ministère, malgré nos relances… et met en avant que la correction étant dématérialisée, elle peut être effectuée en dehors des contraintes d’emploi du temps… Inacceptable !
Le SNES a par ailleurs rappelé sa demande de report de ces épreuves en juin, qui s’est concrétisé par la pétition à signer en ligne..

 EAF :
Le SNES-FSU est revenu sur la question des délais de convocation trop courts l’an dernier, et plus particulièrement pour les oraux où l’examen demande une préparation préalable par les examinateurs d’un ensemble d’œuvres connues au dernier moment. Le rectorat indique avoir travaillé au développement d’une solution, locale, pour accélérer la diffusion des programmes d’étude des candidats (descriptifs), qui devraient pouvoir être dématérialisés et transmis sous forme numérique aux examinateurs afin de gagner du temps sur la circulation de ces documents. Le rectorat a évoqué des convocations 15 jours avant les examens, délais de prévenance que nous trouvons toujours trop courts.
Le SNES-FSU a insisté sur le travail de repérage et de constitution du vivier d’examinateurs pour l’EAF, afin notamment d’éviter de convoquer les collègues en parallèle sur le Grand Oral. Le rectorat dit y travailler plus en amont que par le passé, mais relève un décalage croissant entre la réalité des convoqués et le potentiel, en particulier l’an dernier.

  Composition des jurys du Grand Oral :
Le SNES-FSU a déploré que la composition de ces jurys ait, l’an dernier, poussé au bout la logique mise en oeuvre par le ministère de prévoir que l’un des deux membres du jury ne dispose d’aucune compétence dans les deux Spécialités suivies par le candidat (le “candide”). Le rectorat a répondu que l’épreuve ne porte très largement que sur la forme, ou des sujets qui n’appellent aucune spécialisation...
Lorsque le SNES-FSU a évoqué le fait que les candidats peuvent très vite déduire des premiers passages la discipline du membre de jury qui possède des compétences dans l’une des deux spécialités présentées par le candidat ce qui entraîne une rupture de fait d’égalité face à l’examen (l’une des deux problématiques ne pouvant de fait pas être l’objet de l’interrogation), le rectorat a répondu que cela ne peut pas arriver, puisque tous les candidats sont convoqués sur un même créneau commun…

 Cadre de passation des attestations de Langues vivantes en Terminale :
Le SNES-FSU a demandé la mise en place de temps banalisés dédiés, pour la préparation des collègues à la passation, la passation elle-même (notamment pour l’évaluation de l’oral), et un cadre d’organisation précis, qui incombe aux Chefs d’établissement : passage individuel, du temps spécifiquement dédié, etc.
Le rectorat n’a pas vraiment répondu à cette demande lors de la réunion.
De manière générale, sur l’ensemble des questions relatives à l’organisation des évaluations certificatives ou attestations, les réponses du rectorat ont surtout semblé tourner autour de la problématique d‘allègement et de simplification des contraintes pour les personnels non-enseignants, la question des conditions de travail des évaluateurs n’apparaissant pas prioritaires.