10 septembre 2021

Action et actualité locales

Projet local d’évaluation : ne pas confondre vitesse et précipitation !

Projet local d'évaluation : ne pas confondre vitesse et précipitation !

MàJ - 12 septembre

Le SNES-FSU met à votre disposition un guide syndical face au projet local d’évaluation.

Après avoir supprimé l’horizon commun que constituaient les épreuves nationales du bac, le ministère veut maintenant cadrer dans les lycées le contrôle continu avec un « projet local d’évaluation » pour « conforter l’égalité de traitement des élèves » et « harmoniser les pratiques d’évaluation ». Nouvelle usine à gaz et redoutable carcan pour nos métiers !

Qu’est ce que le projet local d’évaluation (PLE) ? Comment agir collectivement pour préserver notre liberté pédagogique ? Quel rôle pour les instances de l’établissement ? Vous trouverez dans cet article des réponses à ces questions et à bien d’autres interrogations, des références réglementaires ainsi que des éléments de réflexion sur la pratique de l’évaluation.

Le guide du SNES-FSU est aussi disponible en version PDF à télécharger et à diffuser dans votre établissement (cf lien ci-dessus).

Le guide de l’évaluation de l’Inspection générale publié le 10 septembre détaille par disciplines sur 94 pages les consignes de l’inspection. Le préambule sur 5 pages donne la ligne générale et est particulièrement prescriptif. https://eduscol.education.fr/2688/nouveau-lycee-general-et-technologique-guide-de-l-evaluation

La décision prise, au coeur de l’été, par J.M. Blanquer de remplacer toute évaluation ponctuelle de type Epreuve commune (EC ou E3C) par un simple contrôle continu comptant désormais pour 40% de la note finale du baccalauréat s’est accompagnée de la production d’une circulaire parue fin juillet, et qui instaure un Projet Local d’Evaluation.

Si ce cadre nouveau prétend être une réponse aux dérives que nous n’avons cessé de dénoncer depuis 3 ans du contrôle continu, il n’en règle pourtant pas les problèmes, puisqu’il consacre de fait une différence de pratiques d’évaluation entre établissements, en prétendant ne parler que de l’évaluation au sein de chaque établissement !

En revanche, cette réponse fait courir le risque accru d’une caporalisation du métier, et, à tout le moins, de leur forte dénaturation, en cherchant à établir un cadre pour l’évaluation qui - et la circulaire le rappelle - se heurte à la nécessité de préserver la liberté pédagogique, dont l’intérêt est de permettre des réponses différenciées aux publics hétérogènes scolarisés. Les dangers sont clairs, et nous devons y faire face collectivement (voir l’article de l’US à ce sujet).

Ne pas mettre la charrue avant les boeufs

Dans l’académie de Toulouse, plusieurs établissements se sont déjà lancés dans des réunions voire dans l’organisation de demi-journées banalisées autour de ce « projet local », à l’initiative de Chefs d’établissement, en lien parfois avec l’Inspection mais le plus souvent hors cadre de dialogue avec les corps d’inspection, et surtout sans le cadre - pourtant annoncé ! - des préconisations de l’Inspection générale qui sont toujours en attente de publication.

D’autres académies ont fait le choix prudent d’attendre d’avoir de la visibilité pour organiser les deux demi-journées banalisées annoncées par le Ministre pour mener les travaux de réflexion collective autour des problématiques de l’évaluation certificative. Ce n’est visiblement pas le choix du recteur de l’académie de Toulouse, qui axe sa communication sur les établissements les plus en avance.

Le risque est grand que, de la précipitation et du manque d’éléments transmis par les corps d’inspection, ne ressortent des demi-journées qui ne seraient que gaspillage de temps, qui imposera de tout reprendre lorsque le cadre sera paru ! Les IPR de langues - mais toutes les matières sont potentiellement concernées de la même manière - ont ainsi prévu des temps de formation préalables, qui arrivent après la tenue de premières demi-journées banalisées !

Agir immédiatement dans les établissements

Le SNES-FSU Toulouse appelle donc les collègues à ne pas se précipiter dans la tenue de ces demi-journées banalisées, et à intervenir collectivement auprès des chefs d’établissement pour qu’elles soient décalées.

En effet, ces réunions ne présentent en réalité aucun caractère d’urgence, puisqu’elle servent à construire le cadre d’une évaluation certificative en vue de l’obtention de l’examen en fin de cycle Terminal. Elle peut donc tout à fait être découplée de la réflexion autour des pratiques d’évaluation formatives et sommatives. A trop se précipiter, le risque serait de confondre ces différents temps d’évaluation, qui n’ont pas les mêmes fonctions : cela pourrait peser fortement sur les pratiques des uns et des autres, et détournerait la question de l’harmonisation de l’évaluation dans le cadre d’un examen vers celle de l’évaluation au long cours, directement reliée aux pratiques et adaptées aux spécificités de chaque classe et interroge la volonté de préserver une liberté pédagogique des enseignants pourtant garantie par la loi.