24 juin 2019

Action et actualité locales

Refuser collectivement la mission de Professeur Principal

Refuser collectivement la mission de Professeur Principal

Dans la période actuelle de préparation de rentrée, le SNES-FSU, considérant que les revendications de la profession ne sont pas entendues, appelle les collègues à décider collectivement de refuser d’assurer la fonction de professeur principal à la rentrée.

Cette décision se justifie de plusieurs par plusieurs raisons :

 l’alourdissement de la charge de travail associée, pour une faible rémunération (et qui n’a pas été revalorisée : rappelons que le SNES-FSU porte depuis plusieurs années la revendication du doublement de l’ISOE)
A tous les niveaux, mais en particulier en Troisième, en Seconde et en Terminale, la mission de professeur principal s’est nettement alourdie depuis plusieurs années déjà, e raison des réformes successives mettant en place une « orientation active ».
Les réformes du lycée et de Parcoursup (voir ci-dessous) n’ont rien arrangé.
En outre, la circulaire de rentrée développe le concept d’Ecole Inclusive pour la scolarisation des élèves en situation de handicap. Elle consacre désormais un rôle accru pour le professeur principal (accueil des parents, des élèves, coordination des actions en faveur des élèves, etc). La mise en place des PIAL à la rentrée renforce leur rôle, sans aucun moyen ni rémunération supplémentaire.
Refuser d’assumer cette fonction permet de dénoncer cette situation qui est le résultat d’évolutions commencées il y a plusieurs années.

 la mise à la l’écart progressive des PsyEN, seuls spécifiquement formés à « l’orientation »
L’alourdissement de la charge de travail pour les professeurs principaux est la contrepartie de l’éviction progressive des PsyEN (ex Co-Psy), et un outil pour accélérer cette éviction. Le rôle croissant donné aux professeurs principaux doit en effet être mis en lien avec l’insuffisance chronique de PsyEN, et la volonté de certaines régions de s’attribuer leurs missions.
Continuer à accepter l’alourdissement des tâches du professeur principal, c’est aussi légitimer cette insuffisance chronique, et se préparer à la disparition du Service Public de l’Orientation dans le giron de l’Etat et affaiblir le rôle et la place de CIO déjà gravement menacés.
Refuser d’assumer cette fonction, c’est aussi revendiquer le recrutement de PsyEN, c’est-à-dire de professionnels qualifiés pour prendre en charge les processus d’orientation.

 Professeurs principaux en Troisième et en Seconde : le grand flou cette année, et quel rôle dans le futur ?
Le rôle de professeur principal en Troisième et en Seconde est particulièrement compliqué cette année, du fait de la mise en place de la réforme du lycée. Les professeurs principaux ont été laissés dans le flou, en charge de guider les élèves qui sont les cobayes de cette réforme, alors qu’ils n’ont pas les éléments pour leur apporter des réponses fiables. A l’avenir, le rôle du professeur principal sera de plus en plus "d’ajuster" les voeux d’orientation des élèves pour coller à l’offre de formation (Spécialités, options, etc.)
C’est une situation qui ne peut que provoquer du stress et de la souffrance professionnelle pour les personnels concernés. Et ce problème ne sera pas réglé avec l’application de la réforme, bien au contraire : faudra-t-il, chaque année, mentir aux élèves en continuant à leur faire croire que tous les choix sont possibles ? Faudra-t-il les inciter à faire telle ou telle combinaison de spécialités en fonction de leurs résultats ? Et que se passera-t-il si les attendus de l’enseignement supérieur changent d’une année sur l’autre ? Démissionner, c’est refuser la mise en place de la réforme du lycée.

 Professeur principal en Terminale : faire fonctionner Parcoursup ?
Depuis la mise en place de Parcoursup, le rôle de professeur principal en Terminale est devenu particulièrement « sensible ». Outre la masse de travail supplémentaire, ce dispositif demande aux professeurs principaux de prédire le résultat de leurs élèves dans l’enseignement supérieur, pour ainsi permettre la sélection de leurs élèves. Il leur demande d’être des auxiliaires du tri, de contribuer à barrer la route des études supérieures à certains de leurs élèves. Bien sûr, il est possible de contourner cette logique, mais démissionner, c’est aussi dénoncer la mise en place de la sélection à l’université via Parcoursup.


Refuser, c’est possible !

La fonction de professeur principal n’est pas une obligation de service. Le décret n°93-55 du 15 janvier 1993 (art. 3-2) sur l’ISOE le précisait déjà, et la circulaire d’octobre de 2018 le rappelle : « au sein des équipes pédagogiques, les professeurs principaux sont désignés par le chef d’établissement, (...) avec l’accord des intéressés ». La fonction de professeur principal est attribuée sous réserve d’acceptation de l’enseignant.e : elle repose sur le volontariat des enseignant.e.s. Donc il est possible de refuser, et il est possible de démissionner. La seule conséquence réglementaire est la suppression de l’ISOE part variable – même si évidemment les chefs d’établissement pourront exercer des pressions morales plus ou moins culpabilisantes.


Comment faire pour refuser ?

Dans un premier temps, une discussion collective peut être l’occasion de créer le débat autour de cette modalité d’action, et de sortir de l’isolement. Elle peut avoir lieu avant la sortie, ou dès la rentrée, sachant qu’il vaut toujours mieux anticiper les débats pour convaincre ! Il est donc préférable de remettre collectivement les lettres de refus, dont nous fournissons les modèles (modifiables pour ajustement si besoin) ci-dessous : ensemble, on est toujours plus forts !

Refus PP Collège
Refus PP Lycée

Vous trouverez des tracts pour convaincre et informer les parents ici.