21 février 2019

Publications

Généralisation du manuel numérique dans les Lycées d’Occitanie : la région choisit-elle le passage en force, sans aucune discussion avec les enseignants ?

Ce jour, le Café Pédagogique, site de veille et d’information sur les questions éducatives et pédagogique, se fait l’écho d’une annonce de Régions de France indiquant que « Cinq régions s’associent pour proposer aux lycéens des ressources pédagogiques en ligne dès la prochaine rentrée », parmi lesquelles la région Occitanie.
Le SNES-FSU, organisation syndicale majoritaire, dans le second degré et donc dans les lycées, manifeste sa surprise de voir une telle annonce. Elle n’a même été présentée dans une quelconque instance de consultation, et n’a fait l’objet d’aucun échange sérieux avec les enseignants – pourtant premiers concernés – qui, dans le cadre de leur liberté pédagogique et de leur expertise, sont les premiers utilisateurs et prescripteurs des manuels scolaires.

Le SNES-FSU interpelle la région Occitanie, et demande une rencontre urgente sur ce sujet.

Il rappelle que la généralisation du numérique impose des garanties matérielles préalables :
 un équipement des élèves harmonisé et adapté aux exigences de leur classe (quid du financement de ces équipements ?) ;
 des réseaux d’établissements adaptés afin de permettre des connexions simultanées en nombre.
Compte-tenu des difficultés matérielles déjà rencontrées dans un nombre non négligeable d’établissements, on peut être inquiet des conditions de mises en œuvre de cette transition numérique généralisée de manière aussi rapide et sans concertation.

Au-delà des aspects matériels, l’utilisation massivement généralisée d’ordinateurs dans les classes, imposée de fait par l’introduction de manuels numériques, pose la question de l’usage accru des écrans, qui est une question de santé publique pour les jeunes générations. Des modifications substantielles des pratiques pédagogiques sont inévitables (travail sur ordinateur, prise de notes, etc), qui n’ont pas été préparées ni anticipées, et dont les gains restent discutables selon certains chercheurs en Sciences de l’Education. Une telle mesure aura pour effet de transformer les lycéens de la Région en cobayes d’une évolution que personne ne maîtrise à ce jour, car nécessitant des cadres d’intervention pensés et préparés bien en amont.

A l’occasion des débats autour des programmes de la réforme du lycée, qui mobilise par ailleurs largement contre elle, l’hypothèse d’un passage au tout-numérique pour les manuels scolaires s’est faite jour : « Certaines régions envisagent de tirer parti de la réforme pour accélérer la mise en place d’outils bimédia voire pour organiser la substitution complète des manuels imprimés par des manuels numériques » avait ainsi écrit l’association « Les Éditeurs d’Éducation » dans une lettre aux présidents de Région. Si on voit bien ici la manifestation des intérêts économiques de certains éditeurs, on cherche celui des élèves : il y a des enjeux qui méritent autre chose qu’une annonce médiatique, dictée par la tentation d’un affichage de modernité par le biais du numérique.