1er octobre 2018

Métiers - Politique académique

Pour le ministère, l’orientation c’est créatif... ?

Une note de service a été publiée autour de la procédure d’information qui est impacté par la réforme du lycée. Avec la suppression des séries générales, le maintien de séries technologiques refondées, et la voie professionnelles maintenue mais elle-aussi réformée, la donne change quelque peu dans les perspectives ouvertes aux élèves... mais aussi dans les implications pour eux, et dans les enjeux pour les enseignants qui devront.

Vous trouverez l’intégralité de la note présentant la procédure d’orientation en fin de seconde ici : http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=134460

Pour en résumer l’essentiel : la voie générale et les séries technologiques constituent la seule voie d’orientation, la réorientation vers la voie professionnelle ne pouvant être qu’exceptionnelle. Le conseil de classe se prononce à la fin sur l’orientation vers une première générale, sans distinction (puisqu’il n’y a plus de L/ES/S), ou sur une série de première technologique. La procédure d’appel ne portera que sur ces choix. Pour les spécialités, la décision revient aux familles sur recommandation du conseil de classe.

Autrement-dit, c’est le principe du passage en première qui sera discuté, et non pas le type de première tel que défini par la combinaison des enseignements de spécialités.

Evidemment une telle procédure va grandement mettre en danger des élèves qui s’aventurent à faire des choix peu judicieux, compte-tenu de leurs éventuelles fragilités. Ce sera une manière de se défausser de l’échec des élèves en les renvoyant à leur propre responsabilité. Et c’est encore plus vrai qu’on ne sait rien de la lecture que les établissements post-bac feront des combinaisons choisies...

Mais l’ironie de la note ressort dans la phrase qui vient la conclure : on sait parfois que les éléments de langage sont devenus monnaie courante dans la parole politique, on sait que des avatars administratifs se rencontrent régulièrement dans les discours institutionnels mais on peut être tout de même surpris de découvrir la conclusion : « Le sens profond de cette évolution est de développer l’autonomie et la créativité des élèves, facteurs essentiels de réussite au XXIe siècle. »

Autonomie d’un élève de 15 ans dans le choix risqué de son avenir..? C’est ambitieux, optimiste, et bien loin de la réalité de ce qu’est un élève de seconde. Mais créativité ? C’est passer de façon assez ahurissante les enjeux de l’orientation dans le cadre nouveau avec des implications bien trop définitifs pour qu’on puisse présenter les choses ainsi et faire de l’orientation un processus brouillon où il serait de créativité.

Quant à la réussite des élèves aux XXIe siècle, le SNES-FSU a la conviction qu’elle se construit dans un cadre bien éloigné de cette réforme avec une amélioration des conditions d’étude et non pas la dégradation des conditions d’apprentissage qui se confirme avec cette réforme qui conduira à l’augmentation des effectifs dans un grand nombre de cours !