13 septembre 2018

Métiers - Politique académique

Evaluations et test de positionnement : une dérive inquiétante !

Evaluations et test de positionnement : une dérive inquiétante !

Une des nouveautés de cette rentrée scolaire a été l’annonce d’évaluations à différents niveaux : CP / CE1 / 6e et 2de.

Si l’on peut ne pas refuser tout principe d’évaluation qui permette de dresser un état des lieux des difficultés des élèves, on peut se demander la raison de ce retour en force d’une logique d’évaluation, qui est, par ailleurs, confirmée par l’annonce supplémentaire de la création d’une agence de l’évaluation et des propos sur la volonté de développer « culture de l’évaluation ».

Simple ambition pédagogique ou tentation de profilage statistique dans une démarche de contractualisation grandissante ?

Il suffit de reprendre certaines éléments de la présentation qui a pu en être faire par la DGESCO pour comprendre que, malgré les apparences de démarche pédagogique, il est aussi et surtout question de classement à partir des résultats qui conduiront à une mise en concurrence des établissements (qui l’auront déjà été à travers l’offre de formation dans le cadre de la réforme du lycée, par exemple) : ainsi, on aura pu lire qu’« à partir des outils de restitution de la DEPP, des pistes pour piloter la classe et l’établissement » seront proposées. Et dès que l’on parle de pilotage, on sait aujourd’hui en pratique qu’il est question de démarche prescriptive dépossédant les enseignants de leur expertise et de leur liberté pédagogique pour tenter de les faire entrer dans des « moules » pédagogiques dictés par des considérations souvent superficielles, faisant peu de cas de la complexité des élèves et de leur réel profil scolaire (qui ne peut, la plupart du temps, se réduire à un ensemble de résultats statistiques - qui plus est parfois discutable).

La dérive que l’on associe de façon clairement établie avec les tests standardisés qui donnent l’illusion d’établir un profil objectif et exhaustif des évalués, c’est la standardisation de l’enseignement : la réponse à l’évaluation devient ainsi la tentation à s’adapter à celle-ci, autrement-dit à orienter orienter son enseignement sur les attentes de cette évaluation. C’est ce que l’on appelle le « teach-to-test » où l’en enseigne dans le seul but d’avoir des bons résultats à ces ces évaluations standardisées.

Les exemples d’évaluation mis en ligne par le ministère (et qui concerne mathématiques et français) permettent de voir les limites du genre : http://eduscol.education.fr/cid132886/tests-de-positionnement-de-debut-de-seconde-des-outils-pour-les-enseignants.html

En fin, quand on lit que « L’enjeu est que chaque élève reçoive de ses enseignants et de ses parents, dans le cadre d’un partenariat éducatif et d’une pédagogie différenciée, l’aide la plus personnalisée et efficace possible. », on pourra avoir plus qu’un doute... Ah ? Et dans quel contexte : AP qui disparaitra de la dotation horaire l’année prochaine au lycée, effectifs chargés quand ce n’est pas pléthoriques...

Bref, quand évaluer se fait dans un contexte qui ne permet pas de remédier... alors on comprend qu’évaluer ne sert plus qu’à classer ! Les élèves... mais aussi les établissements et les professeurs ! Notre ministre ne parle-t-il pas de rémunération au mérite ?