12 mai 2018

Métiers - Politique académique

Bac, Parcoursup, Fonction publique : la politique du coup de force, ou comment avancer en cassant tout… !

Bac, Parcoursup, Fonction publique : la politique du coup de force, ou (...)

Le gouvernement s’est lancé dans une réforme profonde du bac et de l’orientation, menée sans concertation et dans la précipitation. Au-delà du discours médiatique, la réalité est bien celle du coup de force, et derrière celui-ci, celui d’un projet social faisant la part belle aux inégalités.

1. Pour ce qui est du baccalauréat :

Le ministère a fait suivre ce week-end (!!!) les projets d’arrêtés modifiant le baccalauréat : et ce que l’on y découvre est atterrant puisque sans aucune concertation, tout se voit verrouillé (coefficient, modalités, etc...). Certaines dispositions sont proprement ahurissantes. Ainsi l’article 8 de l’arrêté sur le contrôle continu spécifie-t-il : « A la fin de chaque année du cycle terminal, les résultats des épreuves communes du contrôle continu sont communiqués par l’établissements aux candidats. A partir des notes des trois séries d’épreuves communes et de l’évaluation chiffrée des résultats au cours du cycle terminal, le chef d’établissement fait une proposition de note globale de contrôle continu, pour chaque élève et pour chaque enseignement concerné, qui ne devient définitive qu’après la délibération du jury de l’examen du baccalauréat. ». Nous ne serions donc plus complètement maitres de l’évaluation !

Vous trouverez l’ensemble des projets de texte à l’adresse suivante : https://www.snes.edu/Bac-2021-Ne-jouons-pas-aux-des-avec-l-avenir-des-jeunes.html
La part du contrôle continu est conséquente et son organisation reposerait exclusivement sur l’établissement, donc en grande partie sur les professeurs ! Ce contrôle continu sera totalement chronophage et empiètera significativement sur le temps de cours. Avec ce contrôle continu, c’est évidemment l’augmentation des inégalités en seront augmentées, et tout le monde voit bien les conséquences sur la valeur du diplôme et l’accès au supérieur.

Enfin, on ne peut que constater le massacre de la voie technologique avec un bac construit sur le même format, avec la même répartition de coefficients que le bac général.

La volonté d’aller à l’inverse de la démocratisation et de l’égalité sur tout le territoire est plus que jamais une évidence !

2. Pour ce qui est de Parcoursup :

Pour la méthode, il en est de même pour Parcoursup que pour le baccalauréat. Depuis des semaines, toute la procédure ParcourSup se déroule dans le plus grande vide juridique, puisque le décret et les arrêtés définissant le cadre règlementaire de cette nouvelle procédure d’orientation post-bac ont été publiés le 9 mars (décret, arrêté).

Le projet de décret a été examiné en conseil supérieur de l’Education le lundi 5 mars. Fait rare, ce texte n’a reçu aucun vote pour. [Détail des votes Pour : 0, Contre : (FSU, CGT, FCPE, UNEF, solidaire, FO) 36, Abstention : 21 (dont CFDT), Ne prend pas part au vote : 3 (SNALC) ]

Ce texte règlementaire réussit le tour de force de complexifier encore davantage la procédure en cours. Parmi les dispositions les plus explosives, celle prévoyant l’annulation de toutes les demandes en cas d’absence de réponse de l’élève suite à des propositions d’admission : « A défaut de réponse dans ce délai, le candidat perd le bénéfice de la proposition d’admission qui lui a été faite. Si, à l’issue d’un nouveau délai précisé par le même calendrier, le candidat n’a pas confirmé, via la plateforme, le maintien des autres vœux d’inscription qu’il a formulés dans le cadre de la procédure nationale de préinscription et des placements sur liste d’attente dont il bénéficie en application du II, il est réputé y avoir renoncé ». Il est à souligner que le ministère avait promis au CNESER de retirer cette disposition qui était pourtant toujours présente dans le texte publié au Journal Officiel deux jours

Cette procédure technocratique fait bien apparaître son but : trier les élèves et faire porter aux personnels cette responsabilité du tri. Nous ne pouvons pas nous rendre complices de cela. Que deviendraient en effet les élèves qui n’auraient accès à aucune filière sélective ? Ce n’est pas aux enseignants de contribuer à leur barrer la route de l’Université.

Cette nouvelle procédure conduit par ailleurs partout à un alourdissement de la charge de travail  : remplissage en toute urgence des informations attendues, conseils de classe marathon et discussions interminables sur tel avis ou telle partie de la fiche avenir. Rappelons que ParcourSup va générer potentiellement neuf millions de vœux (sans compter les vœux multiples !) : qui peut imaginer que les avis, les projets motivés des élèves, les fiches avenir, les éléments d’appréciation complémentaires, seront étudiés sérieusement.

Nous insistons sur le fait qu’il faut combattre cette dérive : le conseil de classe peut en fait très bien se dérouler comme les années précédentes sans entrer dans le jeu pervers de ParcourSup. Le SNES-FSU appelle à se positionner favorablement sur les vœux universitaires, afin de ne pas barrer la route à l’enseignement supérieur aux élèves.

Le SNES-FSU rappelle ainsi que :

 L’avis « chef d’établissement » est de la responsabilité au chef d’établissement, et non aux professeurs principaux et/ou aux équipes. Les années précédentes, des avis étaient portés sur les filières sélectives uniquement. En mettant un avis favorable aux vœux universitaire, on se retrouve dans la même configuration que l’an dernier, sans travail supplémentaire et prolongation nocturne des conseils de classe.

 La fiche avenir : les pavés de la fiche avenir sont redondants avec les appréciations disciplinaires et, en ce qui concerne le dernier item (engagement qui correspond, selon les textes, à la participation aux instances du lycée, à la vie association au lycée ou en dehors, à des activités bénévoles, des stages en entreprise, une mobilité à l’étranger), il revient à se positionner sur les qualités d’un individu et non d’un élève et sur des pratiques très marquées socialement. Ce n’est pas le rôle du professeur principal et des équipes. Cet item n’a pas être à complété (absence d’éléments d’évaluation) ou doit être complété positivement.

 L’appréciation disciplinaire : selon la configuration choisie par l’établissement, elle peut être la bascule de l’appréciation du bulletin du 2d trimestre, sans avoir besoin de saisir une nouvelle appréciation.

3. Pour ce qui concerne, plus généralement, la fonction publique :

Le Gouvernement a restauré le jour de carence, renoué avec le gel de la valeur du point d’indice, augmenté la CSG (de manière non compensée pour les retraités, et partiellement pour les fonctionnaires), et refusé d’ouvrir de réelles négociations salariales.

Il a en outre choisi d’annoncer début février un projet de remise en cause frontale de la Fonction Publique : plan de départs volontaires, confirmation de la volonté de supprimer 120 000 emplois de fonctionnaires et recours accru à la précarité .... Ces mesures et ces discours sont insupportables et intolérables. Ils appellent une réaction déterminée et collective des agents publics, dans le cadre le plus unitaire possible.

ALORS : contre tous ces projets régressifs dans l’Education national et cette politique d’attaque contre la fonction publique, soyons dans l’action :

Le 22 mars prochain, 7 fédérations de fonctionnaires appellent à une journée de grève et de manifestations dont la plate-forme inclut les problématiques générales de la Fonction Publique et des Services Publics développées ci-dessus.

Voici le communiqué commun des organisations syndicales :
http://www.fsu.fr/Communique-commun-CFTC-CFE-CGC-CGT-FA-FP-FO-FSU-et-SOLIDAIRES.html

Le SNES-FSU appelle tous les collègues à se mettre en grève et associe aux revendications générales de la plateforme Fonction Publique la dénonciation de la réforme du Lycée et l’assèchement des moyens en collège.