8 mars 2018

Métiers - Politique académique

« La fatigue du travail qui n’est pas fait » Yves Clot

Pour moi, il y a deux fatigues : La première, je la souhaite à tout le monde, elle est fondamentale pour la santé. La bonne fatigue de ce qu’on a fait pour un objectif qu’on s’est fixé ou qu’on nous a fixé et qu’on atteint. […] But atteint dans lequel on se reconnaît et défendable à ses propres yeux. Cette fatigue-là, […] on dort bien avec, qu’elle soit physique ou mentale.

La deuxième fatigue qui est en train de subvertir la première [est] celle des efforts qui ne vont pas au but. Les efforts impuissants. Toutes ces activités qui ruinent la santé non pas parce qu’on fait beaucoup mais parce qu’on n’arrive pas à faire ce qu’il faudrait faire. Fatigue du travail […] qu’il faudra refaire. Toutes ces activités qu’on garde sur l’estomac, enkystées, nécrosées, qu’on ramène à la maison. Une drôle de fatigue. La fatigue du travail qui n’est pas fait. La fatigue qui réveille la nuit. Qui empêche de se rendormir. On commence à mouliner. On n’a pas pu faire ça, il faudra faire ça, mais on sait qu’on ne pourra pas le faire. […] L’activité empêchée, l’activité avortée.

Yves Clot, sur les risques psychosociaux, vidéo mise en ligne par l’ARACT (Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail), consultée sur Youtube le 7 septembre 2017.