8 mars 2018

Métiers - Politique académique

Les collectifs métiers : ce qu’ils ne sont pas !

Aujourd’hui les réformes du système éducatif impactent les pratiques professionnelles : il y a une volonté de modifier les manières de faire de chacun et donc de modifier le lien de chacun à son travail. Beaucoup plus qu’avant, le rapport de chacun à son travail est bousculé. Face à cette situation, il existe plusieurs types de réponses, qui peuvent ressembler à ce que sont les groupes métiers du SNES mais qui s’en éloignent par leurs méthodes et leurs finalités.

L’institution et certains syndicats favorisent la diffusion de « bonnes pratiques », qui participent à une forme de standardisation de nos métiers. Ainsi le travail en îlots, la classe inversée et autres méthodes présentées comme des solutions aux difficultés liées à l’hétérogénéité croissante des classes (sans véritable recherche scientifique) sont supposés répondre à nos attentes de formation. Or ils nient le rapport subjectif que les professionnels entretiennent avec leur travail. Une forme de taylorisme s’empare ainsi des activités intellectuelles et fait l’impasse sur les situations réelles avec des élèves réels. Les « bonnes pratiques » permettent d’imposer une/des norme(s) mais n’aident pas à agir dans les situations réelles.

Les groupes d’analyse de pratique (GAP) ressemblent quant à eux aux groupes métiers, dans la mesure où l’on y instaure un climat de confiance sans jugement et qu’on y travaille sur des situations réelles vécues. Pourtant, ils présentent une différence fondamentale par rapport au fonctionnement des groupes métiers : les GAP se font sous la direction d’un expert (formateur, universitaire, etc.) or pour transformer les pratiques, il faut parvenir à une prise de conscience qui ne se décrète pas, à un décollement de soi par rapport à soi. Ce n’est pas grâce à l’explication d’un autre que ça peut venir. Le pari des groupes métiers, où personne ne se positionne en surplomb ou en expert mais où une stricte réciprocité entre les membres est assurée, repose dans l’idée que c’est des échanges entre les membres que peut naître un changement. C’est pour cela que ces groupes reposent sur un cadre méthodologique qui dérange les professionnels : il s’agit de leur imposer une contrainte pour les empêcher de reprendre leur manière habituelle de parler du travail.

Les groupes métiers du SNES se différencient aussi des groupes Balint. Ces derniers permettent une verbalisation du vécu pour amener chaque professionnel à comprendre comment il fonctionne en situation d’interaction. Il s’agit de prendre conscience des logiques inconscientes à l’œuvre. L’idée est d’équiper les professionnels pour qu’ils puissent reculer leurs limites. Dans cette méthode, le métier exercé avec ses contraintes n’est pas au premier plan, c’est la personne qui est au premier plan. C’est une différence fondamentale par rapport à la clinique de l’activité car le discours sur les pratiques n’est pas équivalent à aux pratiques elles-mêmes.

C’est pourquoi au sein des groupes métiers on utilise des méthodes inspirées de la clinique de l’activité, qui permettent d’éviter les « montées en généralité » et qui obligent au contraire à (s’)expliquer « comment on fait » pour revisiter notre pratique et développer notre pouvoir d’agir.