Monsieur le DASEN, Monsieur le Vice-Président, Mesdames et Messieurs,
Même s’il y a eu beaucoup moins de couacs de rentrée en Haute-Garonne dans l’affectation des enseignantes et enseignants, et nous pouvons ici le reconnaître sans difficulté, comme prévu dans la préparation de la rentrée 2025, ça a encore été une rentrée de pénurie avec notamment un H/E toujours très dégradé. Les classes sont donc toujours surchargées au collège et au lycée et, même quand les signaux d’alarme sont tirés, comme dans les lycées toulousains de la mixité, les réponses pour améliorer des situations intenables sont globalement négatives.
Petit à petit, au lycée, la Réforme Blanquer se révèle dans toute sa splendeur avec des effets de seuil mortifères : ici on supprime des dédoublements, ailleurs on abandonne les effectifs réduits dans la voie technologique, un peu partout on supprime des spécialités ou des options. En lycée professionnel, malgré le fiasco constaté du parcours différencié en terminale, on le raccourcit mais on récidive ! Une autre réforme comme celle du choc des savoirs pour le collège avec ses groupes de niveau ou de besoin, qui n’avait de sens que pour être un tremplin personnel au Ministre de l’éducation N moins 4, est heureusement en train de mourir sans soins palliatifs. Où sont donc tous ces experts qui vantaient ses mérites ? Peur-être ont-ils eu une nouvelle idée de réforme pour encore détricoter notre système éducatif ? Seraient-ils les auteurs par exemple de la dernière surprise de la rentrée tombée du ciel, le « plan avenir » dont il est question dans vos documents ? Entre deux Ministres, en catimini, sans aucune consultation, on continue à saper la politique publique d’orientation, en renforçant les Régions (et en créant donc des inégalités de territoire) et en effaçant encore plus les psy-EN au profit de modules préconstruits transmis aux professeurs principaux. La FSU s’oppose complètement à la logique de ce Plan Avenir.
Par ailleurs, dans un cadre mondial de poussée des idées de l’extrême droite, cette rentrée morose s’est accompagnée d’un climat politique français très dégradé autour du Budget, qui a poussé les syndicats dont la FSU à porter dans la rue des priorités sur les services publics et notamment l’Éducation. Et nous le referons le 2 décembre dans un cadre intersyndical. Dans ce chaos politique créé par notre Président, deux ou trois choses émergent hélas. Les riches ne paieront pas leur part et la misère de notre système éducatif va perdurer et sans doute s’accentuer, si bien que le Budget de l’Éducation risque bientôt de ne plus être le premier. Tout un symbole : la riche idée du pass culture par exemple a déjà perdu 80 millions d’euros en 2025... Seule éclaircie liée aux coupes budgétaires : le SNU, lubie d’un Président en perdition, va enfin disparaître. Tout ça pour ça...
Et malgré leur naufrage, nos gouvernants intermittents ne cessent de dénigrer l’action syndicale, qui pourtant rappelle des évidences et des aspirations légitimes de progrès social. Au delà du dénigrement du dialogue social, la FSU veut aussi profiter de ce CDEN de rentrée pour protester encore contre la violence exercée par la Police contre nos camarades, dont un au moins a été violemment molesté, lors d’un rassemblement pacifique de soutien à la flottille pour Gaza. Nous sommes bien loin des propos des gendarmes révélés par la presse lors des affrontements de Sainte-Soline du type « faut qu’on les tue », « t’en crèves deux-trois, ça calme les autres » à propos des « pue la pisse », comme ils appelaient leurs adversaires du jour, mais quand même, les tensions sont là, de plus en plus fortes envers les manifestants catalogués, comme nous, à gauche.
Pour revenir à notre bilan de rentrée du 31 et aborder des points précis, nous voulons ici insister sur deux problèmes. Le premier concerne le manque d’AESH qui rompt le contrat d’inclusion dans lequel notre pays a voulu à juste titre s’engager. Les familles et les syndicats vous interpellent de façon incessante parce que l’urgence devient la norme et qu’on ressent l’essoufflement de tout le système. Entre les notifiés individuels qui sont mal accompagnés, les mutualisés qui sont partagés tant bien que mal, celles et ceux qui n’ont aucun accompagnement, les salaires de misère des personnels, le non-remplacement, la gestion par PIAL qui a tendance aussi à vite déplacer les lanceuses d’alerte, rien ne va, et tous les établissements de la Haute-Garonne ou presque nous font remonter des problèmes. Nous ne sommes pas dupes cependant et nous sommes conscients des difficultés qui incombent aux responsables de l’Éducation nationale dans ce dossier, ne serait-ce que pour recruter des AESH, mais nous voudrions qu’au moins les choses évoluent dans le bon sens, ce qui ne semble pas être le cas. Peut-être, Monsieur le DASEN, que vous nous donnerez des pistes d’amélioration. Le même constat concernant des publics fragiles pourrait se faire quant aux ULIS dont le plafond du nombre d’élèves par section semble encore exploser. Alors que la préconisation règlementaire est de 10 élèves par ULIS, la Haute-Garonne a un plafond à 17, et ce plafond semble dépassé dans quelques collèges d’après vos documents pour cette rentrée 2025. Là aussi, il faudrait vraiment inverser la tendance en se rapprochant des 10 plutôt qu’en dépassant le seuil des 17.
Le second problème que nous voulions évoquer est celui des problèmes RH entre les directions d’établissement et les personnels. La Formation Spécialisée joue son rôle dans ce domaine mais nous pensons à la FSU que le problème est plus chronique et politique et que depuis longtemps notre DSDEN laisse trop les difficultés s’enkyster. Il ne s’agit pas ici de dénoncer telle ou telle personne mais de créer un système qui soit capable d’éviter des souffrances inutiles. Nous estimons à la FSU 31 que dans environ 10% des établissements, les tensions entre directions et collègues créent de grandes souffrances, allant de la boule au ventre quotidienne à la dépression. Ça, c’est pour les conséquences. Les causes sont le management toxique, qui se manifeste parfois au moins par un manque total de communication, au pire par des formes de harcèlement ou de violence. Des salles des personnels sont parfois complètement ravagées par un mal contre lequel vous devez, Monsieur le DASEN, faire quelque chose. Je ne prendrais ici que l’exemple du collège Marengo où ces dysfonctionnements créent à la fois un stress permanent et de haute intensité chez les collègues et un climat d’extrême tension entre les élèves avec des phénomènes évitables de violence. Tout a été dit sur ce collège, tout le monde sait et rien ne bouge quand les souffrances, elles, ne cessent d’augmenter. Une enquête flash a été menée la semaine dernière et nous vous invitons, Monsieur le DASEN, à faire en sorte que des décisions rapides soient prises. On aurait pu aussi citer un exemple récent de vives tensions qui explosent, c’était hier à Castanet.
Par ailleurs, Monsieur le DASEN, peut-être pourrez-vous nous apporter votre témoignage sur ces problèmes RH en comparaison avec d’autres départements dans lesquels vous avez exercé.
Tant que nous abordons les difficultés importantes de certains établissements, et comme les documents évoquent aussi le plan mixité, nous voulons ici encore une fois manifester notre inquiétude à propos des deux nouveaux collèges de la mixité : Sabine Weiss et Jeanne et Jean Phillipe. Pour le premier, selon vos documents, les écarts entre les prévisions d’effectifs et la réalité semblent signifier encore une fois une fuite de certaines familles ; et pour le second, ce sont les personnels qui nous demandent de vous interpeller quant à leurs conditions de travail dégradées. La FSU défend à 100% la mixité sociale et scolaire et il y a eu de vraies réussites dans notre très ambitieux plan mixité du 31 mais manifestement l’ouverture de ces deux collèges ne s’est pas passée comme prévu. Nous l’avons déjà dit l’an dernier et le répétons ici : si nous estimons que ces collèges subissent une dégradation en termes de mixité, il faut agir au plus vite, quitte à rejouer sur la carte scolaire et les moyens alloués. Plus on attend, plus les corrections seront douloureuses voire impossibles. Nous voulons aussi rappeler, en passant, que comme nous l’avions dit dès le début, les colorations pédagogiques de type « cirque » ou « informatique » ne pèsent rien contre la volonté de certains de l’entre-soi. Qu’on arrête donc de nous faire croire que l’attractivité d’un établissement puisse reposer là-dessus. Le destin de ces deux collèges en est, hélas, la preuve. Pour éclaircir les débats sur ce sujet, la FSU a demandé au département en question diverse un point sur les éventuelles fuites des familles de ces collèges qui seront aussi évoquées en comité de suivi. On remercie d’ailleurs le CD31 d’avoir déplacé ce comité de suivi puisque la date initiale tombait sur une journée de mobilisation.
Enfin, nous ferons quelques dernières remarques liées aux documents :
Nous constatons notamment l’augmentation des HSA et surtout la diminution des IMP ; IMP qui, notamment en lycée professionnel sont devenues très insuffisantes pour certaines missions, pourtant justifiées par les besoins de service.
Nous constatons aussi une augmentation sensible des faits établissements en Haute-Garonne (+ 126 dans le second degré). Tous les acronymes et dispositifs qui seront créés, vous le savez, risquent d’être inefficaces, et la FSU tient encore à rappeler une évidence, confirmée par toutes les études : c’est la présence en nombre d’adultes qui est la meilleure prévention contre toute forme de violence ; alors si nous ne voulons pas faire semblant, il faut simplement recruter.
Et pour recruter et former des AED, AESH, PsyEN, CPE, assistantes sociales, professeures et autres personnels, il faut un autre Budget : la boucle est bouclée.
La FSU, avec d’autres, pense que la peur de la dette et de la guerre peut être justement dépassée par une réelle transformation de la société, notamment avec une autre École mieux dotée, vraiment inclusive et des personnels mieux payés et enfin considérés.
