Les évaluations standardisées sont de plus en plus présentes, comme le montre la circulaire de décembre 2022 sur l’enseignement de l’anglais et des langues vivantes, qui promeut « la généralisation du test Ev@lang collège en anglais ».
Ce type d’évaluation donne l’impression d’une scientificité, à la fois parce qu’elles sont supposées être les mêmes à l’échelle nationale, parce qu’elles sont conçues selon des algorithmes difficiles à discuter, proposées par des organisations extérieures et peut-être parce qu’elles échappent finalement à la subjectivité de ceux qui enseignent et les font passer. Les travaux des collectifs métier ont montré que ces évaluations « hors-sol » sont déconnectées de ce qui se joue en réalité quand on fait passer une évaluation aux élèves. Cela commence dès en amont de sa réalisation sur table et se poursuit jusqu’à sa restitution et sa saisie sous la forme d’une note.
En amont de l’évaluation, il y a tout d’abord l’annonce de l’évaluation, sa conception, mais aussi la manière dont on aide les élèves à se préparer. Comment les prévenir et fixer la date, combien de temps à l’avance ? Il n’y a pas de réponse définitive à ces questions car elles dépendent du type d’évaluation, de la classe, des contraintes du calendrier et parfois des collègues. Distribue-t-on une feuille sur les attendus ou les indique-t-on sur l’ENT pour les absents, sachant que la multiplication des supports n’aide pas les élèves « en difficulté » à s’y retrouver…
Pendant l’évaluation, le cadre fixé peut être mis à l’épreuve du stress de certains, du temps qui manque, des incompréhensions (« on l’a pas vu ça »), des oublis de matériel, des antisèches, des téléphones sortis du sac, voire de la dissipation... Chaque fois, il s’agit de garantir les conditions pour que chacun s’empare de l’évaluation et montre ce qu’il sait faire (en reformulant les consignes, collectivement ou au cas par cas). Et puis les notes renvoient certains à leur échec et pèsent dans l’orientation. Il y a donc aussi un enjeu d’équité.
En aval de l’évaluation, il y a la correction des copies : mettre en pratique un barème à la fois précis, explicite sur les attendus mais souple dans certaines situations… et compris de tous, ne relève pas de l’évidence. En ce qui concerne les annotations, faut-il se concentrer sur les apprentissages visés ou souligner aussi les fautes ? Plus largement, à qui s’adressent les annotations : à l’élève, aux parents, à un autre collègue faisant l’aide aux devoirs, à l’IPR ? A toutes ces personnes à la fois. Il faut alors jongler, faire un choix. La restitution des copies peut être un moment délicat : si l’on commente la copie de chaque élève, alors que font les autres ? Quel temps consacrer à la correction, comment faire pour qu’elle serve à progresser ?
Les réponses à tous ces questionnements sont tissées les unes aux autres et varient au fil de la pratique. Alors comment des évaluations standardisées déconnectées du réel pourraient-elles nous aider à bien travailler ?
Cet article est issu du Bulletin académique du SNES-FSU Toulouse de janvier-février 2023.