Stage académique ouvert à toutes et tous
Toutes et tous capables !
le lundi 13 mars 2023
à Toulouse, Cité administrative de Toulouse, métro B Compans-Cafarelli
Massification, différenciation, orientation et toujours sélection ? Il s’agira dans ce stage de mettre à jour les logiques de tri social à l’œuvre et l’impact des réformes dans l’Éducation Nationale. |
Animé par
Paul Devin, Président de l’Institut de Recherches de la FSU
Gwenaël Le Paih, Secrétaire Général Adjoint du SNES-FSU
Et Catherine Remermier, ancienne responsable du groupe Psy-EN au SNES-FSU, secrétaire générale de la Société Française de Psychologie
Compte-rendu du stage :
Le SNES-FSU Toulouse a organisé le lundi 13 mars un stage intitulé « Toutes et tous capables ! », animé par Gwenaël Le Paih, Secrétaire Général Adjoint du SNES-FSU, Catherine Remermier, ancienne responsable du groupe Psy-EN au SNES-FSU et secrétaire générale de la Société Française de Psychologie, et Paul Devin, président de l’Institut de Recherches de la FSU.
Paul Devin a commencé par souligner qu’affirmer « Toutes et tous capables ! », avec un point d’exclamation et non d’interrogation, c’est à la fois contrer une vision très présente de scission entre les élèves qui peuvent réussir et ceux qui ne peuvent pas, et c’est une double affirmation : un constat et une résolution. Pour autant, au SNES et à la FSU, nous ne sommes pas de doux idéalistes et cette affirmation ne signifie que les élèves sont tous les mêmes. En revanche, nous sommes contre l’ordre social immuable et les justifications de l’inné ou des inadaptations sociales. Nous sommes de ceux qui pensent que l’intelligence procède du dehors social qui est donc à développer.
Mais pourquoi alors ce sentiment d’incapacité permanente à engager une politique de réussite de toutes et tous ? Peut-être parce que les projets successifs qui ont fondé notre école ne l’ont jamais véritablement voulu… Jules Ferry était un partisan de l’égalité des droits mais pas de l’égalité sociale, son projet ne permettant qu’à quelques poignées d’enfants de milieux populaires de rejoindre les classes dominantes. Bien plus récemment, Blanquer fustigeait « l’égalitarisme », avec en filigrane la vieille idée que celles et ceux qui ont réussi l’ont mérité : c’est un discours de justification de celles et ceux qui ne veulent pas laisser leur place de domination. Contre ces visions, il y a à défendre l’école comme émancipatrice, comme lieu d’accès aux savoirs et à la culture commune.
Catherine Remermier a elle centré son intervention sur les rapports aux savoirs, les rapports à l’avenir des jeunes, pour lesquels il est nécessaire de prendre en compte la complexité du sujet.
Les conceptions actuelles de la difficulté scolaire renvoient à sa médicalisation, une externalisation de son traitement, et des objectifs d’améliorations formelles des performances. On assimile bien souvent les difficultés rencontrées à un trouble du fonctionnement cérébral, à travers en particulier les catégorisations très hétérogènes d’élèves à Besoin Éducatif Particulier. Cette tendance présente deux risques majeurs : masquer les origines sociales des difficultés et rassurer abusivement les parents dans un premier temps avant qu’arrivent les paliers d’orientation. Par ailleurs, pour les professionnels, les prescriptions médicales peuvent être lourdes, dans un exercice professionnel déjà chargé : distribuer des documents en A3, écrire en police Arial 14 avec interligne à 1,5, etc.
Or les rapports aux savoirs sont multiples et d’ordre à la fois sociaux, psychologiques et pédagogiques. Apprendre pour un jeune, c’est être capable de conjuguer l’histoire familiale, personnelle et scolaire. Si une de ces trois conditions n’est pas remplie, il y a alors conflit de loyauté. La projection dans l’avenir mobilise le développement psychologique, l’adolescent.e recherchant des figures significatives sur lesquelles s’appuyer pour grandir.
Il s’agit alors pour nous de refuser les explications essentialistes, de reconnaître que la compréhension des difficultés des élèves est complexe et plurielle, de permettre aux enseignants de travailler concrètement sur les manières d’aborder ces difficultés au sein de groupes de pairs (c’est le sens des groupes métier du SNES-FSU Toulouse) et d’exiger du temps de concertation entre enseignants et avec les équipes pluriprofessionnelles.
Enfin, Gwenaël Le Paih a d’abord évoqué Macron et l’école du tri, rappelant que la loi de refondation de l’école de 2013 reconnaissait que tous les enfants partagent la capacité d’apprendre. Avec Macron, il s’agit à l’école et au collège de se centrer sur les savoirs fondamentaux et de piloter tout le système par des évaluations standardisées puis la diffusion de « bonnes pratiques ». Au SNES-FSU, nous voyons les disciplines au service de l’émancipation. L’élève doit se situer dans un regard instruit, en fonction d’un savoir scolaire bien identifié et non d’un avis personnel, être capable de produire des textes autosuffisants, porteurs de sens, et percevoir qu’un élément de savoir enseigné n’est que le début d’une chaîne menant vers des connaissances plus étendues. Il s’agit alors aussi de lutter contre les inégalités, d’autant que malgré toutes les critiques faites à notre système scolaire, la proportion d’élèves de 15 ans qui comptent obtenir un diplôme de l’enseignement supérieur est très forte en France, en particulier chez les élèves les plus défavorisés : cf. diapo de la DEPP
Dans la perspective de « toutes et tous capables ! », il s’agit également de lutter contre le privé et pour la mixité sociale : sur les 200 collèges avec les IPS les plus élevés, 75 % sont privés. Inversement, sur les 200 collèges avec les IPS les moins élevés, 98 % sont publics. Ce n’est pas acceptable.
Le SNES-FSU porte également l’idée de la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans. Dans les faits, neuf jeunes sur dix sont toujours en étude à 18 ans, 20 000 quittent toujours chaque année le système scolaire avant 16 ans. En 2020, l’INSEE comptait 13 % des jeunes de 15 à 29 ans, soit 1,5 million de personnes, qui n’étaient ni en emploi, ni en étude, ni en formation : des jeunes exposés, plus que d’autres de leur génération, au risque du chômage et à une précarité durable.
Ci-dessous, un des diaporamas utilisés lors du stage :