Dans le cadre de la journée interprofessionnelle du 27 janvier, le SNES-FSU appelait les personnels du Seconde degré à la grève. Cette journée fait suite à la grève du 13 janvier, très largement suivie, et historique à bien des égards, dont le périmètres des organisations y appelant.
Quinze jours après, la mobilisation dans le Second degré reste très forte, puisque ce 27 janvier qu’environ 1 personnel sur 3 du Second degré a cessé le travail ce jour, pour faire connaître les exigences de nos professions en matière salariale, de conditions de travail et d’emploi. Les AESH, personnels en charge de l’accompagnement des élèves en situation de handicap, sont particulièrement mobilisés compte tenu des montants de leur rémunération, très inférieure au SMIC (780 € mensuels nets en moyenne, compte tenu d’emplois le plus souvent exercés à temps partiel imposé).
Cette mobilisation dans la durée montre que, dans le Second degré, où les personnels font toujours face à une situation sanitaire très dégradée sans réelles protections, ni renforts, ni reconnaissance particulière du ministre J.M. Blanquer, les questions salariales et d’emploi prennent un caractère d’urgence.
La perte de pouvoir d’achat cumulée depuis 20 ans par le biais du gel du point d’indice, reconduit pour 2022, sera très rapidement amplifiée dans des proportions inédites par une inflation qui redevient forte si rien n’est fait en urgence. Pour les personnels en poste, les fins de mois sont de plus en plus difficiles, et les progressions de carrière peinent à enrayer la perte de pouvoir d’achat. Les annonces de J.M. Blanquer dans le cadre du Grenelle ne sont pas les réponses que nous attendons, pas plus que les déclarations du probable candidat E. Macron, qui entend conditionner une revalorisation de nos métiers à leur transformation en profondeur.
La crise de recrutement, mise en évidence par les difficultés du remplacement depuis le début de la crise sanitaire, a des causes multiples, mais la faiblesse des rémunérations en est un des principaux facteurs. Elle conduit à un alourdissement historique de la charge de travail, concrétisée par la pression exercée pour accepter toujours plus d’heures supplémentaires, à des taux horaires bradés. Cela pèse sur les personnels du Second degré, et remet en cause les fondements de nos métiers comme le montre la volonté rectorale et ministérielle de recourir de plus en plus massivement à la précarité et à baisser le niveau de qualification pour exercer nos professions : cette spirale est mortifère, et génératrice de risques accrus de déqualification et de déclassement salarial pour les personnels, et de dégradation forte du Service Public d’Education.
La préparation de la rentrée sera marquée par la dégradation des conditions de travail de tous les personnels, par l’absence de recrutements à la hauteur des besoins. Si l’académie de Toulouse affiche un solde de +79 moyens d’enseignements équivalents temps-plein (ETP), ce chiffre doit être ramené au contexte local : 4 collèges et 1 lycées ouvriront leurs portes à la rentrée 2022. Cela nécessiterait aux alentours de 240 ETP pour arriver aux conditions de fonctionnement moyennes d’établissements de ce type. Le compte n’est donc pas bon. De plus, ces moyens en apparence supplémentaires masquent en réalité le fait que les professeurs entrant dans le métier exerceront souvent à temps plein dès leur réussite aux concours, après une formation professionnelle qu’ils auront eux-mêmes financés en tant qu’étudiants en Master MEEF. C’est une dégradation de leurs conditions d’entrée dans le métier qui n’est pas de nature à apporter des solutions à la crise durable de recrutement que connaît le Second degré.