Les collèges de notre académie ont à nouveau ouvert pour accueillir les élèves le lundi 18 mai selon des modalités différentes d’un établissement à un autre. Le SNES-FSU Toulouse lance une enquête pour faire le point sur les conditions de cette reprise.
Le SNES-FSU Toulouse continue de rappeler que le grand préalable à cette réouverture reste bien sûr le respect des règles sanitaires qu’impose la situation que nous vivons et réitère la consigne de saisir le Registre Santé Sécurité au Travail et alerter les CHSCT départementaux dès que des difficultés sont identifiées
Mais la diversité des modalités adoptées ou imposées pour la reprise, dans le respect des règles sanitaires, ne peut et doit pas faire oublier d’autres grands principes auxquels nous restons attachés parce qu’ils ont une pertinence pédagogique.
En effet, les conditions exceptionnelles de cette réouverture ne doivent pas servir de prétexte à transformer nos missions et nos statuts, et le contexte de crise que nous connaissons ne doit pas être l’occasion d’expérimentations imposées qui ne manqueraient pas de devenir autant de « chevaux de Troie » pour imposer des pratiques pédagogiques et ou des organisations sortant des cadres réglementaires.
Il est donc essentiel de remettre en avant notre expertise pédagogique et de combattre des dérives que l’on voit apparaître au prétexte de circonstances exceptionnelles
Sur le site national :
– Réaffirmer sa vision du métier : ne pas se laisser déposséder de notre métier
– Les conditions des expérimentations : que dit la législation ? (école du socle, de cycle, classes coopératives...)
Quelques grands principes :
Pour les enseignants :
• Des emplois du temps respectueux des disciplines et des statuts.
La capacité d’accueil des établissements ayant été modifiée et certains personnels ne pouvant assurer les cours en présentiel pour raisons de santé ou de garde d’enfants, la plupart des chefs d’établissement a été amenée à proposer de nouveaux emplois du temps.
Si la circulaire de reprise souligne l’importance de l’enseignement du français et des mathématiques, il n’est pas acceptable que les enseignements au collège se limitent à ces deux disciplines et il convient de rester vigilants à ce que, dès que cela est possible, toutes les disciplines enseignées au collège retrouvent leur place et soient respectées : on ne peut demander à un professeur d’enseigner une discipline pour laquelle il n’a pas été recruté et la participation au dispositif « devoirs faits » se fait sur la base du volontariat.
• Le respect des Obligations Réglementaires de Service et une articulation raisonnable présentiel/distanciel
Le reprise en présentiel avec les élèves ne peut conduire à une situation de cumul avec le distanciel qui conduirait à un doublement du temps de travail : il ne doit donc pas y avoir de dépassement des Obligations Réglementaires de Service qui restent le cadre réglementaire fixant notre « temps de travail ». La période de confinement l’a bien montré, le distanciel est particulièrement chronophage du fait de l’adaptation des contenus, de la modification des supports, et des contraintes techniques qui sont multipliées. Pour les niveaux qui ont repris, les cours se font prioritairement en présentiel au collège : autrement-dit, la prise en charge des élèves qui ne sont pas rentrés au collège ne doit pas conduire à un surcroit de travail significatif par rapport au présentiel (dès lors, cela peut signifier, par exemple, transmission des consignes via le cahier de texte, ou simple mise à disposition des supports travaillés en cours)
En tout état de cause, le caractère inédit et exceptionnel de la situation ne justifie pas de se voir imposer des modalités non souhaitées : la liberté pédagogique demeure un principe fort et classes virtuelles à distance ou autres dispositifs ne peuvent être imposés (soulignons d’ailleurs que les préconisations et les problématiques pour l’enseignement à distance n’ont pas changé)
• Le respect des Ventilations de Service
Dans le cadre de la continuité pédagogique, il est logique que les enseignants retrouvent prioritairement en classe les élèves dont ils ont la charge depuis le début de l’année et qu’ils ont continué à suivre durant le confinement. C’est en effet l’organisation pédagogique la plus pertinente… et la plus efficace, les enseignants connaissant les élèves, ce qui leur permet de proposer les accompagnements pédagogiques les plus adaptés. Si d’autres modes d’organisation venaient à être proposés, le temps de la réflexion collective et le volontariat des collègues concernés sont nécessaires.
La réorganisation des services est certes de la compétence des chefs d’établissements, mais les enseignants doivent avoir leur mot à dire car au-delà d’aspects pratiques, les enjeux demeurent pédagogiques.
• Des journées de présence raisonnables pour tous
N’oublions pas que nos élèves reviennent au collège après près de deux mois passés loin de l’école et de ses règles, dans des situations très différentes, et que leur réadaptation ne se fera pas sans efforts. De plus le respect de consignes sanitaires rigoureuses mais nécessaires et la vigilance que nécessite leur application induisent une tension supplémentaire pour les élèves comme pour les personnels. Cette reprise doit se faire dans la douceur.
Il faut dès lors être très vigilants par rapport aux organisations mises en place : mettre en place des emplois du temps avec des plages horaires élargies est loin du bon sens attendu dans le cadre d’une reprise progressive.
• Pas d’évaluation pour le troisième trimestre
Comme pendant la période de confinement, les conditions ne sont pas réunies pour pouvoir aborder l’évaluation comme avant le confinement. Les résultats d’éventuelles évaluations durant cette période ne peuvent être pris en compte pour le troisième trimestre. Au-delà de la question de l’utilisation des notes en cette fin d’année dans le cadre des procédures d’orientation, c’est la question de la nature et de la fonction même de l’évaluation qui est posée. Pour le SNES-FSU, l’enjeu de cette fin d’année est la remédiation, l’accompagnement, et la consolidation des apprentissages sur la base de la connaissance qu’ont les enseignants des élèves qu’ils ont suivis et dont ils peuvent donc évaluer les besoins dans le cadre de cette reprise progressive qui prépare pédagogiquement la rentrée de septembre.
Pour les vies scolaires :
Il est évident que le travail des vies scolaires est redéfini par les contraintes sanitaires et que c’est en grande partie la gestion des circulations d’élèves et d’espace qui va devenir la problématique pratique, en plus de la question du suivi des élèves à distance.
Dans les organisations envisagées, les CPE doivent faire valoir leur expertise et doivent pouvoir organiser, dans le cadre d’une réflexion collective et dans le respect de leurs missions, les modalités de prise en charge des élèves et ce, sans marginaliser les objectifs pédagogiques et éducatifs.
L’organisation de l’établissement retenue, ainsi que le nombre d’élèves accueillis peuvent amener à réaménager le travail des AED : cela ne peut se faire que dans le respect de leur contrat (temps de travail, emploi du temps, missions…)