Monsieur le Ministre, Monsieur le Recteur,
Depuis plusieurs mois, nous alertons sur les modalités de déroulement de la mise en place du nouveau baccalauréat et de la première session des E3C. Nous avons, dans une volonté de dialogue et à tous les niveaux, signalé les difficultés que soulevaient concrètement leur mise en place. Au niveau national, nos organisations ont adressé les alertes qui ont été remontées par les établissements. Au niveau académique, nous avons demandé des audiences pour porter à votre connaissance la réalité des questionnnements professionnels et parentaux. Nos collègues, dans le même esprit, ont rédigé de nombreux courriers pour pointer leurs difficultés concrètes.
Ces alertes vont toutes dans le même sens : la multiplication des difficultés de mise en œuvre dans les établissements, livrés à eux-mêmes ; le non-sens que représentent ces épreuves à ce moment de l’année et sous cette forme, pour les professionnels de terrain et parents que nous sommes. Tout au plus avons-nous reçu des assurances orales, qui n’étaient jamais suivi d’effet. Il en est ainsi tant des aspects matériels (vous avez refusé tout cadrage académique des modalités de passation) que pédagogiques (la banque de sujets, tant vantée et maintes fois annoncée, a par exemple été ouverte avec énormément de retard, en étant incomplète et en proposant des sujets inadaptés aux élèves et aux apprentissages déjà engagés, tandis que des sujets circulent déjà publiquement).
Considérant que nos élèves et enfants ne sont absolument pas prêts à passer des épreuves de Baccalauréat après seulement quatre mois de cours, et qu’il s’agit d’un non-sens pédagogique de les y présenter ;
Considérant le flou sur les conditions indignes de passation de ces épreuves (pas de période de révision, pas de banalisation de cours, utilisation de salles de cours en configuration de classe, durée de l’épreuve supérieure au temps des heures de cours, gestion des 1/3 temps, surveillance des salles par une seule personne, etc.) ;
Considérant que les fuites de sujets constatées nient le principe d’égalité des candidats, déjà très largement mis à mal par la possibilité de choix de sujets variés selon les établissements, voire même les classes ;
Considérant que la large disparité des conditions de passage elles-mêmes, fort différentes d’un établissement à l’autre, voire à l’intérieur d’un même établissement, induisent aussi l’inéquité entre les élèves ;
Considérant que les enseignants se sentent mis en difficulté et sous pression face à la mise en œuvre de programmes trop lourds rapportés aux volumes horaires, qu’ils n’avaient aucune
visibilité sur les sujets à venir afin de guider leurs choix dans les apprentissages des élèves, et que les sujets n’ont pas pris en compte qu’il s’agissait d’une année de rodage de ces programmes ;
Considérant les conditions de rémunération méprisantes pour la correction des copies ;
Considérant que la dématérialisation des copies nous fait craindre une surveillance du rythme de correction, de la moyenne des notes attribuées, et présente des risques de défaillances techniques - parfois même abordées lors de certaines formations -, sans compter que les professeurs ne sont pas équipés à titre personnel et en permanence de matériel informatique et d’accès à des réseaux de qualité suffisante fournis par l’État ;
Considérant que par votre absence d’écoute et votre déni de la réalité vous porterez l’entière responsabilité de la situation et de ses suites ;
Nous le redisons une dernière fois, il est juste temps, Monsieur le Ministre, Monsieur le Recteur, de prendre la seule décision raisonnable qui s’impose, pour les personnels, pour les élèves, pour leurs parents : annulez la première session des E3C qui débute ce lundi 20 janvier !