Le SNES-FSU Toulouse a pris connaissance du dernier classement des collèges proposé par L’Etudiant. Depuis que ce type de classement existe, tant pour les lycées que pour les collèges, le SNES-FSU en critique d’une part les critères dont la pertinence est contestable et qui aboutissent à des conclusions en trompe-l’oeil, d’autre part le principe même du palmarès dans son intention et dans ses effets pervers.
Le principe délétère que sous-tend ces classements, c’est la mise en concurrence des établissements et la compétition scolaire sur la base de résultats, dont on sait qu’ils sont davantage liés aux déterminismes sociaux qu’à la « qualité » des enseignements dispensés, ou des pratiques pédagogiques des équipes en place dans les établissements.
L’effet pervers que renforcent ces classement, c’est le développement du consumérisme scolaire qui conduit notamment à des stratégies d’évitement, reposant qui plus est sur des représentations faussées. Elle peut mettre en péril des établissements qui accueillent au départ des publics dont la richesse est la diversité, en créant un effet de fuite des élèves issus de milieux favorisés.
De plus, ce classement ne dit sur la réalité de ce qui se joue dans chaque établissement, sur le travail qui est conduit auprès et pour des élèves : L’Etudiant prend d’ailleurs la peine de mettre à distance son propre classement (les « résultats bruts ne suffisent pas à cerner totalement un établissement, car ils dépendent fortement du profil des inscrits : origine sociale des parents, part de redoublants, etc. (...) Des résultats à mettre en perspective avec d’autres indicateurs de la qualité, comme (…) la taille des classes, l’encadrement, mais aussi les activités extrascolaires ou l’existence d’un internat. »)
Le SNES-FSU Toulouse regrette donc vivement que ce classement soit repris, surtout sans cette distance, en lui accordant une dimension diagnostique et évaluative qu’il n’a pas ni ne peut avoir. Distinguer des « gagnants », lister les pseudo « bons établissements », c’est donner une information biaisée aux familles, notamment en dissimulant les ressorts réels du succès de certains établissements, qui n’ont pas plus de mérite que d’autres, voire pour certains (privés plus particulièrement) qui ont comme principale pratique la sélection sociale (directement par le choix des élèves ou indirectement par le bais de l’offre de formation).
Pour le SNES-FSU Toulouse, plutôt que de s’attacher à classer les établissements pour les mettre en (fausse) concurrence, il est prioritaire de s’attaquer au chantier de la mixité scolaire et de la mixité sociale, dont de nombreuses études ont montré qu’elles sont aujourd’hui le levier le plus puissant pour permettre l’amélioration des résultats du plus grand nombre. Des évolutions mûries et pesées de la carte scolaire en sont une condition.
C’est tout le sens aussi de l’engagement que nos collègues, qui contribuent jour après jour à construire au sein du service public d’éducation, dans tous les établissements : refuser le tri social, accompagner chaque élève et construire sa réussite quelle que soit son origine. Un tel classement n’y contribue aucunement.
