Nouveau Bac : passage en force
Le ministère a fait ses annonces de modification du baccalauréat avant les congés. Après un simulacre de consultation, les décisions sont venus quelques jours seulement après la remise du rapport Mathiot, ce qui montre bien que les choix étaient faits depuis longtemps. Le ministère compte avancer très vite sur ce dossier, avec un projet ficelé. Les ingrédients ?
– une part plus que copieuse de contrôle continu (40%) ;
– une évaluation dont les enseignants se verraient dépossédés, le chef d’établissement formulant une proposition de note globale de contrôle continu, pour chaque élève et pour chaque enseignement concerné, limitant le rôle des collègues et forçant la main des jurys ;
– une organisation chronophage et renvoyée au local pour tous les problèmes de confection, correction des sujets, harmonisation de l’évaluation, sans garantie réelles de l’anonymat des élèves ;
– une perte des spécificités des séries ;
– une voie technologique démantelée avec un bac construit sur le même format, avec la même répartition de coefficients que le bac général, alors qu’aucune annonce du Ministère sur l’architecture de la voie technologique n’a été faite... Mais là aussi, on peut craindre que les choix ne soient arrêtés.
Les textes que le Ministère envisage de promulguer sont aux antipodes de ce que nous souhaitons comme évolutions du bac et en font un examen local, complexe d’organisation, lourd, inéquitable ... et qui bouleverse l’exercice du métier !
ParcourSup : la coupe est déjà pleine !
Depuis des semaines, toute la procédure Parcoursup se déroule dans le plus grande vide juridique, puisque le décret et les arrêtés définissant le cadre règlementaire de cette nouvelle procédure d’orientation post-bac ont été publiés le 9 mars (décret, arrêté) alors même que le projet de décret qui avait été examiné en conseil supérieur de l’Education le lundi 5 mars n’avait pas reçu de vote favorable (Pour : 0, Contre : FSU, CGT, FCPE, UNEF, solidaire, FO (36) , Abstention (21 dont CFDT), Ne prend pas part au vote (3 dont SNALC))
A travers la nouveauté Parcoursup, il n’est en fait aucunement question d’améliorer l’ancien système APB mais de décourager les élèves les plus fragiles, en les amenant à se censurer dans leur demandes d’orientation, par le biais :
– d’une procédure lourde qui demande aux élèves CV, lettre de motivation et autres supports d’évaluation d’un engagement, et qui leur oppose des attendus discriminants et impossibles à décrypter clairement pour un lycéen ;
– par l’absence de transparence dans la manière dont seront traitées et retenues les candidatures ;
– par l’horizon des capacités d’accueil limitées par les Universités ;
Parcoursup engendre de plus déjà une surcharge de travail pour les personnels, sommés de remplir les dossiers des élèves dans des conditions dégradées. Mais il a aussi pour effet à terme de fragiliser encore le bac comme premier grade universitaire et de permettre aux Universités de procéder à une sélection sur des critères rarement transparents. Nous ne pouvons pas nous rendre complices de cela.
Dans ce contexte plus que dans tout autre, le SNES-FSU réaffirme que les enseignants de lycée n’ont pas vocation à barrer la route de l’Université. La responsabilité finale des avis dans Parcoursup étant de la compétence des seuls Chefs d’établissement, il appelle, pour les voeux émis vers des licences universitaires jusqu’ici non sélectives,les professeurs principaux de terminale à saisir « très satisfaisant » dans le pavé des éléments d’appréciation de la fiche avenir, et les collègues dans les conseils de classe à les soutenir et à proposer au chef d’établissement de porter un avis très favorable.
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