Lors du CDEN (Conseil Départemental de l’Education Nationale) convoqué le mercredi 11 janvier au Conseil Départemental de la Haute-Garonne, le projet pour la mixité sociale dans les collèges (voir son contenu sur le site du CD 31) a reçu un avis favorable : 16 pour (tous les élus et tous les parents d’élèves, le SGEN), 7 abstentions (FSU et UNSA) et 2 contre (FO).
Si le SNES et plus largement toute la FSU n’ont pas voté « contre » ce projet, c’est parce qu’il ne consiste pas, contrairement à ce qui est dit ici ou là, à fermer 2 collèges REP+ pour économiser des moyens. Le CD 31 en investissant 46 M€ pour le projet ne peut pas être soupçonné de vouloir faire des économies sur le dos des jeunes des deux quartiers les plus défavorisés de la ville de Toulouse. D’autant qu’il prévoit la reconstruction des deux collèges Badiou et Bellefontaine dans la zone, mais plus à l’ouest avec un secteur de recrutement plus mixte.
Mais si le SNES et la FSU n’ont pas voté « pour » ce projet, c’est parce qu’il y a trop d’incertitudes encore et pas assez de garanties. Nous ne dressons pas ici le bilan exhaustif de nos craintes et de nos doutes. On peut noter toutefois un manque d’engagements en particulier de la part de l’IA 31 qui est partenaire dans ce projet et qui renâcle à mettre sur la table tous les moyens nécessaires pour les collèges publics concernés, tout en continuant à ouvrir des classes dans le privé. Le SNES-FSU condamne fermement le fait que le rectorat autorise 500 élèves de plus dans les collèges privés à la prochaine rentrée (pour 1 000 de plus dans les collèges publics) : vouloir que le projet de mixité sociale marche doit conduire à un moratoire et à interdire toute ouverture de classes dans les collèges privés de Toulouse !
Nous notons aussi un manque de garanties sur la localisation des 2 futurs collèges et leur carte scolaire, sur la réussite des élèves de ces deux quartiers qui vont être scolarisés dans 10 collèges différents pendant la période transitoire, sur la compensation de la disparition de ce service public important au cœur des quartiers, etc. La réflexion sur les moyens pour lutter contre les inégalités scolaires n’est pas assez poussée non plus : il ne suffit d’avoir la mixité sociale dans tous les collèges pour garantir la réussite de tous les élèves. Et si le SNES-FSU se félicite que l’idée qu’il a portée d’un financement différencié des collèges en fonction d’un indice de mixité sociale ait été retenue par le CD 31, il reste prudent et attend de voir s’il sera mis en œuvre car ce système de bonus/malus ne sera efficace envers le privé plus particulièrement que s’il parvient à toucher là où cela fait mal : au portefeuille.
Enfin, le SNES-FSU ne se retrouve pas dans le discours sur « l’ethnicisation » et le « communautarisme » porté entre autres par le CD 31 pour justifier le projet de mixité sociale. Pour nous, si la mixité sociale doit être recherchée, c’est pour créer les conditions de l’égalité et de la réussite de tous à l’école et pour œuvrer à la construction d’une société plus solidaire en luttant contre toutes les formes de séparatisme social.
Le vote lors du CDEN était donc en lui-même un point d’étape et non un aboutissement. Le SNES-FSU compte dans les semaines, les mois et les années à venir continuer à peser sur la mise en œuvre de ce projet. Il sera aux côtés des personnels des établissements concernés (les 5 collèges REP+ et tous les collèges de rattachement pendant la période transitoire). Il sera vigilant sur le fait que tous les engagements pris seront tenus. Il mobilisera pour obtenir des moyens à la hauteur de l’enjeu. Il militera avec l’ensemble de la FSU 31 pour que les quartiers concernés cessent d’être des « ghettos » sociaux.
Une affaire à suivre (de près) donc !
Le SNES 31 et le secteur Éducation Prioritaire du SNES académique