11 janvier 2024

Métiers - Politique académique

Retour sur la journée de découverte des collectifs qui a eu lieu le 7 novembre 2023

Nous réapproprier les critères de qualité de notre travail

Un stage de découverte des collectifs métier a été organisé le 7 novembre dernier.

Le matin, Catherine Remermier et Yannick Lefebvre ont présenté la genèse de ces collectifs, issus d’un partenariat entre le SNES-FSU et le laboratoire de clinique de l’activité du CNAM (dirigé par Yves Clot) au début des années 2000. Ensuite ont été abordés les enjeux et les objectifs, ainsi que la démarche et la méthode sur lesquelles nous nous appuyons au sein des groupes. Il s’agit de nourrir les dimensions collectives de nos métiers afin de prendre soin de notre professionnalité face aux réformes parfois déconnectées du réel, qui attaquent de plus en plus le sens de ce que l’on fait.

L’après-midi nous avons constitué cinq groupes qui ont chacun échangé sur des thématiques différentes, en respectant le cadre méthodique de la clinique de l’activité.
Par exemple le groupe Langues vivantes Lycée a débattu sur les diverses manières de recourir au Français pendant les cours, alors que cette pratique est en principe interdite. En effet la prescription impose de parler uniquement dans la langue cible. Or, au fil des échanges nous avons pu mettre à jour les diverses situations où le recours au Français permet tantôt de faire parler un élève qui ne parle pas d’habitude, tantôt d’approfondir un point de civilisation ou de repêcher des élèves perdus qui s’étaient mis de côté, de reformuler une consigne ou approfondir le sens d’une phrase pour apprendre de nouveaux mots de vocabulaire, etc. Nous avons aussi mis à jour les dosages différents du recours au Français – dit « switch », ses objectifs différents en fonction de la situation ou du moment de l’année et aussi en fonction de la classe concernée, du niveau des élèves.

Une après-midi qui nous a permis de mettre en évidence le fait que nous sommes parfois contraints de transgresser les prescriptions pour faire participer tous les élèves au moins une fois pendant l’heure de cours, s’assurer que tout le monde a bien compris la consigne, approfondir telle notion de vocabulaire… en bref, pour faire un travail de qualité à nos propres yeux. Cela pour nous réapproprier collectivement les critères de qualité de notre travail, afin de renforcer notre sentiment de légitimité dans une période où celui-ci se trouve fragilisé.

Ainsi les échanges au sein des collectifs permettent de transformer ce qui était vécu comme une transgression personnelle en une pratique collective diversifiée qui, quand elle est discutée entre pairs, vient nourrir la palette des manières de faire notre métier - une de ses dimensions collectives, afin de préserver notre professionnalité.

Cet article est initialement paru dans le Bulletin syndical n°392 de novembre-décembre 2023.