22 septembre 2022

Stages syndicaux

Stage égalité femmes-hommes, égalité professionnelle femmes-hommes

Stage égalité femmes-hommes, égalité professionnelle femmes-hommes

Compte-rendu du stage égalité femmes hommes, égalité professionnelle femmes hommes

Le SNES-FSU Toulouse a organisé le jeudi 1er décembre un stage syndical sur l’égalité femmes hommes avec une large focale sur l’égalité professionnelle femmes hommes, animé par Julie Jarty, Maîtresse de Conférences en sociologie à l’Université Toulouse Jean Jaurès, Ludivine Debacq, responsable nationale du groupe égalité femmes hommes du SNES-FSU, et Ingrid Darroman, ancienne co-responsable du groupe femmes au SNES-FSU national.

Le matin, Julie Jarty, après avoir présenté ses recherches sur les pénibilités enseignantes sous l’angle du genre, a développé une intervention en trois parties :
  Les difficultés à intéresser les élèves ;
  La gestion des horaires de travail « dans les murs » ;
  Les relations de travail sous le sceau des rapports de genre.

Intéresser les élèves est un questionnement qui ne se pose pas nécessairement en classes préparatoires. Or la répartition femmes-hommes entre le collège, le lycée et les classes prépa est très inégale, les femmes étant sur-représentées en collège et sous-représentées en classes prépa. Le collège est un niveau d’enseignement plutôt dévalorisé et pour un homme, c’est presque suspect de rester au collège. C’est un lieu de tâches peu valorisées, comme gérer la mixité sociale, enseigner aux plus jeunes. Il y a beaucoup d’aspirations à quitter le collège et une forme de résignation à y rester. Ces éléments concourent à déprécier la considération qu’on a soi-même de son travail, ce qui touche donc plus particulièrement les femmes, plus nombreuses en collège où le travail exigeant est faiblement reconnu.

Un des combats des chercheuses féministes consiste à scruter l’organisation temporelle du travail pour en apprécier sa pénibilité, et cela au-delà de la seule pénibilité « hors les murs ». Les Emplois Du Temps sont ainsi un enjeu de soutenabilité du travail « dans les murs » genré. Ce sont souvent des objets conflictuels, liés à des enjeux de pouvoir : certains collègues obtiennent plus que d’autres. Des EDT « maman » peuvent faire l’objet de moqueries, de discrédit : il y a souvent un retour de bâton à s’exposer lors des fiches de vœux, les négociations avec un chef d’établissement pouvant instituer une relation de dépendance avec par exemple un sentiment de redevabilité masquant et minimisant l’usure due au « je cours tout le temps », une exposition aux représailles « on te voit jamais », voire une exposition au chantage, avec des risques de personnalisation des liens.

L’exposition au sexisme et aux Violences Sexistes et Sexuelles constitue un enjeu sociétal de reconnaissance d’une forme de pénibilité et d’inégalité professionnelle. Il y a à penser les violences au travail comme un discrédit professionnel, à penser le coût des stratégies pour faire face au sentiment d’injustice ou de colère. Le taux de féminisation de nos professions n’est pas une barrière de protection au sexisme, certaines formes d’humour et l’euphémisation des rapports de pouvoir entre enseignant.es étant une forme de domination policée. Faire face à des Chefs d’Établissements sexistes, le renvoi au domestique et à l’éducatif par les inspecteurs et Chefs d’Établissements constituent des abus de pouvoir qui structurent le rapport au travail.

L’après-midi, Ludivine Debacq a commencé par souligner qu’on ne pouvait pas questionner séparément les violences au travail et l’égalité professionnelle.
Le travail est ainsi le 2e lieu des violences faites aux femmes. Le syndicat et le nôtre en particulier a donc une responsabilité et doit rendre visible les VSS : il s’agit de faire bouger l’employeur et de faire de la formation.
Dans la Fonction Publique, la précarité a un visage féminin. Les écarts de rémunération y croissent au fil des âges, les femmes cumulant davantage de périodes de travail à temps partiel et/ou d’interruptions de carrière, et étant plus souvent exclues des parts variables de rémunération. Par ailleurs, l’évolution de rémunération liée à l’évaluation et aux rendez-vous de carrière est inégalitaire, ces derniers étant souvent situés aux moments de naissance des 1er et 2e enfants. Dans la Fonction Publique d’État, 80 % des temps partiels sont occupés par des femmes.
Ludivine Debacq a ensuite présenté le plan national d’action pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, et ses 5 axes dont la FSU est à l’initiative. L’axe 1 « Renforcer la gouvernance des politiques d’égalité » vise notamment à déployer des référent.es Égalité et Diversité. L’axe 2 « Permettre un égal accès aux métiers et aux responsabilités » a par exemple comme objectif de former à l’égalité et à la lutte contre les stéréotypes et les discriminations. L’axe 3 « Lutter contre les écarts de rémunérations et de carrières » aurait pu s’intituler « Supprimer les écarts… » … Pour l’axe 4 « Mieux accompagner la grossesse, la parentalité et l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle », le MEN a souhaité s’intéresser au télétravail. Or c’est une très faible part de notre activité… C’est une façon de ne pas regarder le reste. L’axe 5 « Lutter contre les discriminations, les violences (dont sexuelles et sexistes), le harcèlement moral ou sexuel et le sexisme » a forcé les Rectorats à créer des dispositifs de signalements, de traitements et de suivis des violences.

Enfin, Ingrid Darroman a rappelé les enjeux à travailler sur l’égalité filles-garçons pour lutter contre les VSS. Le but doit être de prendre conscience, pour déconstruire et ensuite construire ensemble l’égalité. Elle a rappelé l’existence de textes sur l’égalité filles-garçons et attiré l’attention sur, dans nos établissements, des lieux ou espaces où tout le temps se posent des questions d’égalité filles-garçons, allant des toilettes aux procédures d’orientation. Elle a cité quelques-unes des très nombreuses ressources mises à disposition par le Centre Hubertine Auclert, comme le violentomètre ou les analyses de manuels scolaires. Ingrid Darroman a également mis à disposition de très nombreux ouvrages sur les questions d’égalité et fourni une très riche bibliographie disponible ci-dessous !