6 juillet 2022

Métiers - Politique académique

Les évaluations standardisées sont-elles au service des apprentissages ?

Dans une note récente, le Conseil de l’évaluation de l’école encourage fortement le développement des évaluations « standardisées ». Le groupe-métier Langues vivantes du SNES-FSU Toulouse a permis de faire émerger le point de vue des enseignants qui ont dû faire passer Ev@lang aux élèves de 3e.

Concernant tout d’abord l’organisation de cette évaluation : d’un établissement à l’autre, elle incombe soit à la personne chargée de l’informatique, au coordinateur de discipline ou à la Direction. Les perturbations sur les emplois du temps ont été nombreuses et inégales selon le temps imparti pour l’entraînement au test (des 5 minutes requises pour visionner la vidéo de démonstration à une heure entière pour travailler les consignes-types et se familiariser avec la plateforme), l’organisation ou pas de sessions de rattrapage, les couacs informatiques…

Les échanges au sein du groupe ont également fait émerger des dilemmes rencontrés par les enseignants à chaque étape.

Avant le test : faut-il préparer les élèves au test, sachant que celui-ci intègre des questions de grammaire et de lexique décontextualisées, désormais contre-indiquées ? Si on fait le choix de ne pas préparer les élèves, alors qu’on leur remet à l’issue du test un document officiel stipulant les compétences acquises (d’où émane leur positionnement dans le CECRL), n’y a-t-il pas une rupture du « contrat didactique » ? Inversement, les IPR demandent que l’accent soit mis sur la production orale or aucune production n’est demandée dans ce test, ni orale ni écrite. N’est-on pas censé évaluer les élèves sur les contenus qu’on leur enseigne ?

Pendant : faut-il reformuler les consignes, les faire traduire par des élèves, puisque la compréhension de la question est censée ne pas faire obstacle à la réponse ? Si on fait le choix de ne pas le faire par souci d’équité, alors certains élèves répondent au hasard, parfois sans même écouter les bandes sons. Si on le fait, à quel moment et pour qui (sachant que le temps est limité) ?

Après : comment leur remet-on le document officiel et quelle importance lui donne-t-on ? Comment revenir sur les erreurs commises sans traces ? Que dit-on aux élèves dont le positionnement obtenu ne correspond pas à leur niveau réel ? La machine étant supposée plus objective que le professeur, qui a raison ? Comment préserver la cohérence dont les élèves ont besoin pour apprendre ?

A l’arrivée, beaucoup de stress et de temps passé pour une évaluation qui, au mieux confirme le niveau établi par l’enseignant, et au pire sème la confusion en mettant l’enseignant en porte-à-faux. Ces évaluations imposées de l’extérieur ne sont-elles pas un moyen pour contraindre encore plus les pratiques des enseignants ? Les échanges ont permis de discuter des actions possibles : continue-t-on à faire passer de tels tests (il y a aussi Pix, CEDRE…) ? Si oui, comment s’en servir pour appuyer nos revendications ?