25 juin 2019

Métiers - Politique académique

La quintessence des problèmes que pose la réforme du Lycée Blanquer

Le rectorat présentait le 18 juin au Comité Technique Académique une mesure de révision de la carte des implantations de Spécialité de 1re et terminale dans le cadre la mise en place du Lycée Blanquer. Il s’agit d’un ultime « ajustement » pour à la carte adoptée en décembre.

Le lycée A devait proposer à ses élèves la Spécialité NSI (Numérique et Science informatique). Il n’y a pas de concours permettant de recruter des enseignants compétents, le CAPES d’Informatique n’étant pas encore créé, mais simplement « dans les tuyaux » avec une première promotion nationale de 10 (!) lauréats à la rentrée 2020, titularisables à partir de la rentré 2021. On a donc fait appel à des volontaires pour assurer cet enseignement en attendant. Se rendant compte de la difficulté des programmes pour un enseignant non formé (ou formé en urgence en trois semaines en juin et août 2019), le volontaire pressenti pour assurer l’ouverture de cette Spécialité au lycée A se désiste. Problème : 5 élèves du lycée A avaient choisi de suivre cet enseignement à la rentrée 2019…

Par chance, un autre volontaire se manifeste au lycée B, distant de 25 kilomètres. Mais comme il le fait un peu tard, il ne pourra recevoir aucune formation d’ici la rentrée ! Le rectorat bondit toutefois sur l’opportunité, et propose le déplacement de la Spécialité NSI au lycée B. Les élèves bénéficieront d’un professeur physiquement présent, … et de l’appui de cours du CNED comme le prévoient les textes.
Miracle, 8 élèves de ce lycée sont intéressés et optent finalement pour cette enseignement en saisissant au dernier moment cette opportunité inespérée.

Et les 5 élèves du lycée A ? Le rectorat concède n’avoir réussi à convaincre que 2 d’entre eux à changer de lycée vers le lycée B, qui possède un internat avec de la place, tandis que les 3 autres ont purement et simplement renoncé à suivre la Spécialité qu’ils souhaitaient au départ.

Au passage (est-ce un hasard ?), est prévu dans la même ville que le lycée A, une ouverture de cette même Spécialité NSI dans le lycée privé de la ville à la rentrée 2020 ou, au plus tard, 2021…

Tout est dit quant à l’égalité entre établissements et la réalité des possibilités de choix des élèves, ou les cadeaux faits à l’enseignement privé… Fera-t-on ainsi chaque fois qu’un volontaire renoncera, ou simplement, demandera sa mutation ? Car avant que tous les postes permettant d’assurer soient pourvus, il aura coulé beaucoup d’eau (il y a 47 lycées publics et privés dans l’académie de Toulouse qui proposeront NSI à la rentrée 2019, et 15 de plus à termes d’ici une ou deux années).

Le SNES-FSU s’est opposé à cet ajustement d’opportunité, en ce qu’il illustre parfaitement toute la problématique de l’implantation de la Spécialité NSI, et, au-delà, de la réforme du Lycée voulue au forceps par J.M. Blanquer. Nous sommes persuadés que ce type de mesures n’a pas fini d’être évoqué en CTA ...