19 septembre 2018

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Retraites : notre retraite, un bien commun en danger

Retraites : notre retraite, un bien commun en danger

La mise en scène de la fin du statut de la SNCF, telle qu’organisée par le pouvoir, est un vrai « moment Thatcher ». Il s’agit moins de réformer que de s’imposer une fois pour toutes aux corps intermédiaires et aux acteurs sociaux. Et de dégager le terrain pour d’autres réformes à venir : après le statut des cheminots, le statut de la Fonction Publique et le code des pensions, la fin les systèmes de retraite actuels etc.

Les régimes actuels fondés sur la solidarité

Ils reposent (Régime général, régimes spéciaux, Fonction publique), sur une logique de redistribution et de solidarité entre les générations, ils fonctionnent en répartition et visent le maintien d’un certain niveau de vie pour les retraités (taux de remplacement).
Ils sont à prestation définie. Le taux de remplacement (rapport retraite/salaire) pour un nombre d’annuités défini (43 aujourd’hui) est fixé à 75% du salaire ( 6 derniers mois dans la FP, salaire moyen des 25 meilleures années dans le secteur privé).
Depuis 1993 la volonté des politiques de réduire la part de PIB consacrée au financement des retraites a abouti à des réformes paramétriques (âge de départ, durée de cotisation, décote etc.) qui ont largement dégradé le niveau des pensions. De plus, depuis 2003 le régime d’indexation est le même pour tous, les pensions sont indexées sur les prix ce qui a contribué à accentuer la baisse du pouvoir d’achat des retraités.

Dossier Retraites de la FSU

La réforme systémique ou quand le mot solidarité disparait du vocabulaire
Selon E.Macron « La protection sociale doit désormais se fonder sur l’individu
La réforme systémique c’est : « Un système universel par points plus lisible, plus simple. Il responsabilise l’individu ….qui peut choisir l’âge de son départ à la retraite.. » Jean-Paul Delevoye « Haut Commissaire pour la réforme des retraites » (interview à « Notre Temps » février 2018).
Ce système est contributif, les droits sont étroitement liés aux cotisations versées, il laisse donc de côté les mécanismes de solidarité, (droits familiaux, réversion, maladie, chômage etc.). Le départ en retraite est présenté comme un choix individuel : c’est « la retraite à la carte ». C’est un système à « cotisation définies », on sait combien on cotise, on ignore quel sera le montant de la pension.
Chaque individu est renvoyé à sa responsabilité pour construire sa retraite. Les conditions de départ à la retraite (âge, montant de la pension) ne sont plus l’objet de négociations collectives.
Dans ce régime, toute la carrière du salarié est prise en compte (avec tous les aléas de la vie). Chaque assuré acquiert des points en fonction des cotisations versées (le nombre de points acquis= montant de ses cotisations / « valeur d’achat du point ». La pension qui lui sera versée sera proportionnelle au nombre de points acquis multiplié par la « valeur de service du point ».
La « valeur d’achat et la « valeur de service » du point sont fixées chaque année de sorte que le système soit équilibré (cotisations perçues = prestations versées). Dans un tel régime les pensions déjà liquidées sont elles-mêmes indexées sur la valeur de service du point. Ainsi le niveau du financement consacré aux régimes publics reste bloqué au niveau actuel (13%). Comme le nombre de retraités augmente, la conséquence logique est la baisse des pensions. Le recours aux assurances complémentaires est sous-jacent… et les fonds de pension (à la française !).

Notre système de retraite : un bien commun en danger !

Il faut réaffirmer notre attachement à notre système de répartition, préserver les régimes spéciaux dont celui des fonctionnaires qui a toute légitimité dans le cadre du statut de la fonction publique. Mais pour cela, il est indispensable de revenir sur les réformes des 25 dernières années qui ont considérablement dégradé nos pensions, les conditions de départ à la retraite et la revalorisation des pensions. Pour financer ce retour sur les réformes précédentes, une autre répartition des richesses est indispensable, ce sont les choix budgétaires qui sont à modifier.
L’année 2019 sera celle de la « concertation modèle Macron », les forces syndicales de progrès social devront mener le combat contre ce qui serait une régression sociale de grande ampleur.

Jacky Brengou